Auteuse : Babel
Titre : Compréhension enfantine
Base : Naruto
Genre : Chibi
Couple : Nope
Note : Enfin un kiriban de fini ! Kiriban 3333 de mon blog pour Lost
!
Disclaimer : Aucun des deux personnages de cette fic ne m’appartiennent
COMPREHENSION ENFANTINE
Rien n’est plus cruel qu’un enfant.
Petit monstre idiot répétant les bêtises apprises de ses
parents sans en comprendre un traître mot.
Un enfant ne se rend pas compte du mal qu’il peut faire avec de simples
mots, de simples phrases.
Il ne connaît pas la puissance du langage, la force de l’écrit,
l’importance de la communication.
La subtilité n’existe pas chez un enfant, pas plus que la retenue.
Il ne sait pas où se trouvent les limites entre ce qu’il peut penser
et ce qu’il peut dire.
De plus, il y a aussi un phénomène de formation de groupes parmi
les ensembles de gamins.
Il suffit d’une seule différence pour être exilé de
ces groupes, pour être rejeté et bien souvent brimé par
ces tyrans en culotte courte.
De par le monde, des milliers d’enfants subissent ces brimades, endurent
comme ils le peuvent ces frappes chirurgicales sur leurs plus grandes faiblesses,
cherchent à effacer leurs différences pour entrer dans la ‘normale’
et ainsi intégrer le groupe.
Mais bien peu y parviennent et, souvent, en grandissant, gardent une plaie
béante de douleur à ce sujet. Mais certains arrivent à
se rendre compte que ces différences sont en fait des parties de leur
personnalité qui leur permettent de s’affirmer en tant qu’être
à part entière.
Cependant quand on est un enfant maltraité par le groupe, quand insultes
et moqueries pleuvent sur nous, on ne cherche qu’une seule chose…
Qu’au moins une personne sur terre nous accepte tel que nous sommes.
Même si ce n’est que pour une journée, une heure ou même
juste une minute, nous ne voulons qu’une chose : l’acceptation par
l’autre qui mène à l’acceptation de notre soi.
Cette observation est valable dans toutes les communautés, parmi tous
les groupes, et ceci même au sein des villages ninjas…
La petite fille courait à travers les rues du village. Des larmes maculant
ses joues rouges et le souffle court, on aurait pu la croire poursuivie par
un ennemi et qu’elle courait pour sauver sa vie mais il n’en était
rien…
Ce n’était pas sa peau qu’elle essayait de sauver mais les
lambeaux de son esprit et ce n’était pas un ninja adverse qu’elle
fuyait mais les quolibets de ses camarades.
Une fois encore, ils s’en étaient pris à elle, une fois encore
ils s’étaient ligués pour l’acculer contre un mur et
la harceler jusqu’à ce qu’elle s’effondre en pleurs.
Mais aujourd’hui, elle avait réussi à se créer une
brèche et à fuir ses assaillants et elle courait ainsi de toutes
ses forces pour s’éloigner d’eux.
Elle courut encore et encore, jusqu’à ce que ses poumons lui semblent
absorber de la lave en fusion à la place de l’oxygène. Elle
traversa l’orée de la forêt et s’enfonça dans
les sous-bois.
Elle atteignit bientôt une espèce de fourré sous lequel
elle plongea.
Un abri naturel était aménagé sous les branchages, espèce
de bulle végétale la protégeant du monde extérieur.
Elle reboucha l’entrée du mieux qu’elle pouvait à l’aide
de branches avant se recroqueviller au fond de cette mini-hutte, serrant fort
ses genoux contre sa poitrine, se concentrant pour essayer de calmer sa respiration
erratique.
L’effort que cela lui demandait lui permettait d’oublier quelque
peu la cause de sa course, lui permettait de ne pas avoir d’autres pensées
que celles concernant l’entrée de l’air empli d’éléments
bénéfiques en ses poumons et la sortie de celui recelant les impuretés
de son corps, son souffle les chassant au loin d’elle. Elle ne pensa plus
qu’à ça, inspirer, expirer, inspirer, expirer, faire rentrer
les bons éléments, en chasser les mauvais, retenir les bonnes
pensées, expulser les mauvaises.
Et ainsi de suite jusqu’à ce que sa respiration ait repris son rythme
habituel et que les événements qui venaient de lui arriver ne
soient plus que de mauvais souvenirs.
Tout allait mieux, elle allait sortir de son abri quand elle entendit des bruits
de pas précipités en direction de sa cachette. Elle se replia
à nouveau sur elle-même au plus profond de son refuge pour ne pas
se faire repérer.
Inconsciemment, elle stoppa sa respiration quand les pas s’arrêtèrent
en face de l’entrée secrète.
Quand des mains fourragèrent les branchages pour aménager un meilleur
passage, elle n’arriva pas à retenir le cri d’angoisse qui
lui monta aux lèvres.
Les mains s’immobilisèrent avant de creuser plus frénétiquement
jusqu’à aménager un accès suffisant. Un visage plongea
dans l’ouverture et fouilla l’intérieur du regard.
Elle voulut crier à nouveau mais retenait toujours sa respiration sans
s’en rendre compte et n’arriva qu’à pousser un couinement
étranglé qui attira immédiatement l’attention du visiteur.
Quand elle vit la tête se tourner vers elle, elle plongea son visage entre
ses genoux et se roula sur elle-même en la boule la plus compacte possible,
acte de protection ultime.
Elle ne voulait plus rien sentir du monde extérieur. Coupée dans
l’obscurité de son propre corps, son monde était rythmé
par les battements de son cœur, en écho avec le sang battant dans
ses tempes. Elle était crispée à un tel point que les jointures
de ses poings en étaient blanchies et que ses ongles s’enfonçaient
doucement dans ses mollets sans qu’elle ne s’en rende compte. Elle
mourait d’envie de se balancer sur elle-même d’avant en arrière,
mouvement rassurant qu’elle avait l’habitude d’appliquer pendant
ses crises d’angoisses, mais savait que le mouvement ne ferait qu’attirer
un peu plus l’étranger. Elle restait donc prostrée sur elle-même
en cette forme d’œuf tranquillisante, sûre qu’ainsi, aucune
agression extérieure ne pourrait l’atteindre.
Et pourtant…
Le monde externe se rappela à elle sous la forme d’une petite poussée
sur son épaule. D’abord légère, presque une caresse,
elle se fit peu à peu plus insistante à mesure qu’elle n’y
répondait pas.
Elle se transforma en prise douce de l’épaule et l’individu
la secoua doucement.
Sakura n’y répondit toujours pas, s’emprisonnant un peu plus
dans sa prison corporelle en resserrant ses bras autour de ses genoux.
Ce n’est que quand une voix s’éleva en criant « Iiih
Haruno-chan ! Tu saignes ! » qu’elle se rendit compte que le nouveau
venu ne lui voulait aucun mal.
Elle se déplia très légèrement, juste assez pour
pouvoir distinguer le visiteur.
Elle vit un jeune garçon qui devait avoir sensiblement le même
âge qu’elle, un petit blond joufflu aux yeux noirs où se lisait
une inquiétude certaine.
Elle se redressa complètement en le reconnaissant. Ils avaient été
dans la même classe à l’Académie Ninja l’année
d’avant. Par contre, elle ne se souvenait plus de son nom… Elle ne
se souvenait pas non plus lui avoir déjà parlé un jour.
Il sourit un peu en la voyant se déplier mais garda un air soucieux en
voyant qu’elle semblait encore un peu à part, dans son esprit.
"Haruno-chan ? Ca va ?" Demanda-t-il en la secouant encore un petit
peu.
Le regard de la jeune fille se posa sur son visage, encore un peu troublé
avant qu’elle ne se rende vraiment compte de sa présence et secoue
un peu la tête pour retrouver ses esprits.
"Ah euh, oui… Je crois…" Lui répondit-elle, encore
un peu troublée.
"Tant mieux", sourit-il franchement, le soulagement se lisant clairement
dans ses yeux. "Mais… Euh… Tu saignes, ça ne te fait pas
mal ?" S’inquiéta-t-il à nouveau en pointant les mollets
qu’elle serrait toujours inconsciemment.
Elle retira précipitamment ses mains, regardant le sang couler doucement
en se demandant comment une telle chose avait pu arriver sans qu’elle n’en
ait conscience. Elle semblait comme hypnotisée par le liquide rouge quand
un mouchoir d’un blanc immaculé passa dans son champ de vision.
Elle secoua une nouvelle fois la tête et cligna à plusieurs reprises
des yeux pour se réveiller pleinement de ses songes et se tourna vers
le garçon, qui lui tendait le morceau de tissu, un air interrogatif sur
le visage.
Il sourit timidement et rougit devant son regard.
"Tiens, utilise-le…" Balbutia-t-il en faisant un petit geste
vers elle du mouchoir. "Pour arrêter le sang", ajouta-t-il en
précision.
"Ah", arriva-t-elle à articuler quand elle comprit ce qu’il
voulait. "Mais… Je vais le salir."
"Pas grave ça, j’en ai d’autres chez moi."
Et pour prouver ses dires, il ouvrit le mouchoir et le déchira en deux
bandes de tissus à peu près égales.
Sakura eut un petit cri de surprise et lui demanda pourquoi il avait fait cela.
"Tu es blessée aux deux jambes", souligna-t-il.
Elle regarda à nouveau ses mollets avant de se rendre compte que oui,
les deux avaient bien subi le même traitement et saignaient tout deux.
"Tu… Euh… Je…" Bredouilla-t-il en montrant les blessures
puis le mouchoir déchiré.
Elle comprit où il voulait en venir et lui répondit en souriant.
"C’est bon, je peux m’en occuper toute seule", affirma-t-elle
en prenant les bandages improvisés et en les appliquant sur ses plaies,
essuyant le sang avant de serrer adroitement les bandes autour de ses mollets.
Une fois ceci fait, elle reposa ses mains sur ses genoux et plaça son
menton sur le dos de sa main droite, laissant son esprit se reperdre dans son
monde intérieur.
Le blond la regarda faire, surpris de la voir l’ignorer si rapidement.
Au bout de deux longues minutes, il s’éclaircit la gorge pour lui
rappeler sa présence.
Elle sursauta, et le dévisagea, l’ayant déjà oublié.
Voyant qu’elle ne réagissait pas plus, il entama la conversation.
"Alors… Euh… Comment tu as connu cet endroit ?" Demanda-t-il
en pointant le toit de l’abri.
Elle suivit la direction du regard et parla d’une voix encore un peu embrumée.
"Je l’ai découvert par hasard, je… je courais dans la
forêt et je suis tombée devant…" Répondit-elle
d’une voix de plus en plus faible et renfermée.
"Ah ? Et tu courais pourquoi ?" Fit-il pour prolonger la conversation.
"Je… Je préfère ne pas le dire… Et toi ? Comment
tu l’as connu ?" Changea-t-elle rapidement de sujet.
Cela intrigua le jeune homme mais il savait respecter la vie privée.
"Et bien, je l’ai découvert par hasard aussi !" Sourit-il.
"Je marchais dans le coin quand un de mes snacks est tombé et a
roulé dedans !"
Sakura rit doucement de ce coup heureux du hasard. Ce jeune garçon avait
un don pour la bonne humeur, et l’on ne pouvait pas ne pas sourire devant
sa bouille radieuse.
"Et pourquoi tu es là aujourd’hui ?" L’interrogea-t-il
en retour.
Elle perdit instantanément le sourire et se referma à nouveau
sur elle-même.
Il comprit que le terrain était glissant et décida de faire quelque
chose pour essayer de la réconforter.
"Tu sais, moi, si je viens ici, c’est pour être tranquille."
La jeune fille se tourna légèrement vers lui, ce qu’il prit
comme un bon signe pour continuer son récit.
"Je viens là pour être un peu seul quand j’en ai marre…"
Il sourit quand elle lui posa une question, sachant qu’il avait réussi
à capter son attention.
"Marre de quoi ?"
"Et bien…"
Cela le gênait un peu de parler de lui mais il sentait qu’il pouvait
le dire à Sakura, qu’elle comprendrait.
"Je pense que tu as dû le remarquer… Je pèse un peu
plus que mes camarades de classe…"
"Oh…" Fut tout ce qu’elle parvint à prononcer quand
elle comprit où il voulait en venir.
"Et oui, tu sais, ils aiment bien me charrier avec ça. Alors moi,
je supporte mais bon, y’a des moments où c’est un peu dur à
assumer… Alors je viens ici. C’est tranquille et au moins, personne
ne connaît alors personne ne vient m’embêter ici. Enfin, je
croyais que personne ne connaissait", ajouta-t-il avec un petit sourire.
Il continua à lui raconter ce qui lui était arrivé, heureux
d’enfin trouver une oreille attentive.
Elle l’observa vraiment alors qu’il parlait, comme elle ne l’aurait
jamais fait en cours et ne l’aurait jamais fait s’ils ne s’étaient
rencontrés en cet endroit.
Elle le regarda dans ses moindres détails, de ses cheveux coiffés
bizarrement aux étranges spirales de ses joues, et, à travers
son physique, elle chercha à percevoir ce qu’il cachait en lui.
A travers le plissement de ses yeux et la fossette sur sa joue, elle en déduisit
la beauté de ses sourires. A travers l’épaisseur de ses bras
et son ventre rebondi, elle en déduisit la chaleur de ses étreintes.
A travers son cœur et son attitude en son entier, elle en déduisit
la grandeur de son cœur.
Les larmes lui vinrent aux yeux à mesure que les paroles du jeune homme
lui parvenaient, témoignages de haine et de rejet qu’elle ne connaissait
que trop bien. Comment pouvait-on ne pas se rendre compte de la bonté
de ce garçon ? Comment pouvait-on ne pas voir combien il méritait
d’être aimé ?
Il se tourna vers elle pour voir si elle le suivait encore, s’il ne l’ennuyait
pas trop avec ses histoires et remarqua alors les larmes qui maculaient ses
joues.
"Ano… Haruno-san ! Je ne voulais pas te faire pleurer !"
Elle le regarda droit dans les yeux et lui offrit un sourire magnifique venant
du fond du cœur.
"Non, non, ce n’est rien Choji-kun, rien du tout…"
Et elle le surprit en se jetant dans ses bras et le serra contre elle en une
étreinte chaleureuse. Elle le relâcha doucement, toujours souriante
malgré ses larmes.
"Merci ! Merci Choji-kun !"
Elle le resserra contre elle avant de se relever légèrement.
"Je suis désolée, il faut que j’y aille, si je rentre
trop tard, ma mère va s’inquiéter et je risque d’être
privée de sortie… Encore merci !" Fit-elle précipitamment
avant de sortir par l’entrée cachée des broussailles.
Encore abasourdi, Choji ne sut trop comment réagir. Mais il finit par
sourire à son tour avant de s’installer un peu mieux par terre,
prenant le temps de réfléchir à cette curieuse rencontre
avant de finalement rentrer chez lui, le cœur beaucoup plus léger.
Ils ne se revirent pas pendant un long moment, étant dans des classes
séparées à l’Académie, ils n’avaient que
très peu d’occasions de se rencontrer.
Et pourtant, un jour de vacances au moment où le soleil était
bien haut dans le ciel, ils se rencontrèrent à nouveau.
Il se trouvait en haut d’une colline ensoleillée, accompagné
d’un ami, son premier ami, avec qui il regardait les nuages passer.
Elle passait en bas de celle-ci, marchant en compagnie d’une amie, sa première
amie, avec qui elle allait cueillir des fleurs.
Entre eux passa un moment de pure compréhension quand leurs regards
se croisèrent.
Naturellement, ils se sourirent, sourire de joie, sourire de bonheur, sourire
de félicité d’avoir enfin trouvé quelqu’un qui
les aimait tels qu’ils étaient.
Heureux de savoir l’autre aussi comblé que soi, ils n’eurent
aucun mal à couper le contact visuel et à retourner mentalement
auprès de la personne qui comptait le plus dans leur vie à ce
moment là.
FIN