Portrait 1 : Danseuse
Classique
Auteur :
Koyomi
Genre :
triste
Source : mwa ^^
Elle se tient droite, très droite, pas raide mais droite.
Menton relevé, les yeux clos, le visage sérieux et concentré,
elle savoure l’instant.
En équilibre sur une demi-pointe, la jambe tendue derrière
elle, haut, les bras gracieusement relevés, entourant son fin visage, elle se
focalise sur son enchaînement, pour ne surtout pas le rater.
Cheveux strictement relevés en un chignon haut, pour ne
surtout pas gêner son champ de vision.
Elle se tient droite, très droite, pas raide mais droite.
Peut-être un peu trop droite, mais si
gracieuse…
Elle est d’une beauté délicieuse, ainsi en équilibre dans la
semi pénombre.
Un pas chassé, un jeté, puis elle retombe avec légèreté,
ployant les genoux pour encaisser sans mal la petite secousse et enchaîner
rapidement, sans rater aucun des temps de la musique.
A contre-jour, silhouette fine et silencieuse lorsque la
musique se fait douce et caressante.
Mutine, un sourire discret se dessine peu à peu sur ses
lèvres.
Un pas sur le côté, puis elle monte sur ses pointes et se
penche lentement, très lentement vers l’avant.
Et soudain la musique éclate.
Elle s’élance et s’envole.
Elle s’épanouit comme une fleur face au soleil
brillant.
Elle glisse, tourne, virevolte.
Elle lève les bras, hauts, hauts, comme pour toucher le ciel
avec ses fines mains.
Exposée en pleine lumière, les yeux clos, savourant
l’instant.
Les notes se font lentes, douces, amères.
Et se figent.
Elle se tient droite, très droite, pas raide mais droite.
Elle parait dénudée.
Pâle et exsangue, les cernes accentués par l’éclairage
soudainement devenu violent.
Enfin, l’horrible maigreur apparaît, les poignets trop fins,
les joues et le ventre creusés par un régime bien trop sévère.
Les jambes trop longues, fragiles bâtons si prompts à se
briser.
Les notes s’égrènent de nouveau, le ballet reprend, et elle
redevient belle.