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Lettre 2, Janvier 21/10/2005 - Lu 531 fois
Romantique


Lettre 2, Janvier

 

 

 

Auteur : Koyomi

Genre : Romantique

Source : Une copine, par un hasard complet.

 

 

Bonjour Sylvain,

 

 

Ça fait longtemps, n’est ce pas ?

Je parie que tu te demandes pourquoi je t’écris.

 

Tu as du être stupéfait en voyant le nom de l’expéditeur. Après tout, ça fait cinq ans que j’ai coupé les ponts avec toi. Mais si tu ne m’avais pas trahie…

 

Bon, je sais, c’est vieux, de l’eau a coulé sous les ponts, comme on dit.

Je ne devrais pas y faire allusion.

D’ailleurs, je ne devrais pas en parler, ce n’est pas le sujet de cette lettre, pas du tout.

 

J’ai eu 26 ans il y a quelques mois. (Te souviens-tu de la date de mon anniversaire ?). Je suis mère depuis quatre ans, et séparée du père d’Alice. Elle ne l’a même pas connu, ce couard est parti dès que je lui ai annoncé être enceinte.

 

Alice dit que je suis vieille. Je ne trouve pas, mais bon, c’est l’impression d’une fillette de quatre ans… Je me considère comme assez jeune, quand même…

 

J’ai eu ma vie, depuis que je suis partie. Mais je suppose que tu t’en doutes. (Mais te souviens-tu encore de moi ?)

 

Je me suis installée à Paris. C’est joli.

Demain, j’irais aux Galeries Lafayette dépenser de l’argent pour Alice.

 

Je pense qu’à ce stade, tu dois te demander ce qui a motivé ma lettre. (A moins que tu n’en sois qu’à tenter de te souvenir de mon visage)

 

Mais j’ai besoin d’en parler.

C’est une façon comme une autre de faire le point, je suppose.

 

Tu sais que j’étais amoureuse de toi ?

C’est en partie pour cela que je suis partie.

C’est pour ça que j’ai eu si mal lorsque tu m’as hurlé que tu me haïssais, sur ce pont. Heureusement qu’il y avait du vent, ce jour là. Tu n’as pas vu mes larmes.

Désolée, j’avais dit que je n’en parlerais plus.

 

Bref, tout ça pour t’avouer ça.

C’est idiot, n’est-ce pas ?

 

Si je te fais cette révélation, c’est parce que je vais bientôt mourir, tout simplement.

 

Je suis atteinte du sida. Ça fait quatre ans. Depuis Emeric (le père d’Alice). Donc, ça doit être lui qui me l’a transmis, cette saloperie.

Je suis vulgaire…

 

Il me reste tout au plus deux mois à vivre, alors je me suis dit que c’était le bon moment pour m’excuser, ou renouer des liens.

 

Oh, bien sûr, j’ai suivi des traitements. Mais j’ai bien vu les regards des docteurs, et les larmes contenues des infirmières quand elles regardaient ma petite Alice.

Je les hais, je voudrais les tuer.

 

J’ai tout prévu, Alice ira vivre chez ma sœur, qui l’adore.

Comme elle est stérile, elle sera ravie de l’avoir.

 

J’ai dit que j’allais mourir : c’est faux.

Quand tu recevras cette lettre, je serais déjà enterrée, puisque j’ai prévu un envoi retardé, qui ne se déclenchera qu’après ma mort.

 

Je t’aime toujours,

envers et malgré tout.

 

Céline

Auteur : Lea Picard infos sur l'auteur contactez l'auteur le site de l'auteur
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