La Malédiction des
Runes
Chapitre
3
Auteur :
Koyomi
Base : Harry Potter, on
se refait pas.
Titre : La Malédiction
des Runes
Couples : Aucun pour le
moment.
Disclaimer : Je ne me fais
AUCUN fric sur leur dos ! Maintenant, si vous pouviez me
relâcher…
Rappels : Amadeo Larm –
nom d’emprunt de Harry Potter
Angelus Vial – nom d’emprunt
de Draco Malefoy
Asmodée Hanel – nouvelle
infirmière
Andréas Carnas – nouveau
professeur de Runes
Athanase Philarm – professeur
de Sortilèges
Notes : Je joue au yo-yo
avec le nombre de pages…
Ce matin-là, James Potter comptait bien profiter de sa grasse
matinée. Il avait prévu de dormir jusqu’au début de l’après-midi au minimum,
histoire de faire perdurer sa réputation de lève-tard une année de plus. Mais
malheureusement pour lui, deux choses vinrent perturber l’ordre des choses ce
jour-là.
La première déboula en trombe dans sa chambre en hurlant
comme une sauvage, et la seconde lui sauta sur le ventre avec une grande
délicatesse.
« JAMES POTTER, VOUS AVEZ TRES EXACTEMENT CINQ SECONDES
SIX DIXIEMES POUR SORTIR DE VOTRE LIT ! » Rugit avec une grande
délicatesse le premier problème au creux de ses délicates et oh combien
sensibles oreilles.
Il ouvrit difficilement les yeux avant de pousser un cri
d’horreur en se retrouvant nez à nez avec le second problème, ou plus
précisément nez à museau puisqu’il s’agissait de sa jeune chatte Déméter, qui le
fixait de ses grands yeux. James aurait juré que si le chaton avait été humain,
il aurait été en train de sourire.
Il bougonna et poussa Déméter hors de son champ de vision,
afin de pouvoir enfin apercevoir la principale source de bruit, qui se trouvait
être sa jeune cousine Any.
« Any, il est à peine » Il jeta un coup d’œil à son
horloge. « Dix heures. » Marmonna-t-il en retournant sous les
couvertures.
« Justement gros paresseux ! Il est temps de te
lever ! » S’exclama-t-elle joyeusement.
« Va te faire voir chez les Satyres. » grogna James
du fin fond de la couette.
La couverture fut brutalement tirée et James se retrouva tout
aussi brusquement exposé aux courants d’air qui semblaient avoir élu domicile
dans sa chambre. Il se redressa et lança un regard noir à sa
cousine.
Any Potter entrait en quatrième année à Poudlard, et savait
déjà très précisément ce qu’elle voulait faire : suivre les prestigieuses
traces de son oncle en devenant Enchanteresse. Elle était aussi l’unique Potter
à être matinale, au grand dam du reste de la Famille, et la seule qui eut jamais
réussi à dompter les mèches Potteriennes qui hérissaient le crâne des éléments
mâles de la Famille, bien qu’elle ne prit jamais la peine de coiffer sa propre
tignasse.
« J’espère que tu as une excellente excuse pour me tirer
de mon lit si tôt. » Prévint James en se levant.
Any rejeta la tête en arrière et éclata de
rire.
« Si tôt ? J’espère que tu plaisantes,
cousin. » Fit-elle en redevenant brusquement sérieuse.
« Pas le moins du monde. » Répliqua James en la
fusillant du regard. « Je parie que personne n’est réveillé, pas même ton
père. » Grogna-t-il en attrapant Déméter qui miaulait sur le lit, la
soulevant à hauteur de ses yeux. La jeune chatte lui lança un regard
adorablement contrit.
« Tout le monde est levé, James. » Dit-elle d’une
voix glaciale. « Dois-je te rappeler que c’est l’anniversaire de notre cher
grand-père, aujourd’hui ? Et que nous devons être au Château Noir dans
à peine une heure ? »
James secoua la tête, horrifié, en lâchant brusquement
Déméter qui couina bruyamment son mécontentement de se retrouver si brutalement
en contact avec le sol. Comment avait-il simplement pu oublier ça ? Il
allait se faire mettre en pièces. Barthélemy Potter était connu pour sa grande
sévérité, ainsi que pour le fait qu’il ne tolérait aucun retard, quelle qu’en
soit la raison. Mais ce ne serait pas lui qui serait mis en cause, mais son
père. Et James ne tenait absolument pas à subir les foudres d’Alban Potter qui
ne manqueraient de s’ensuivre.
Mais l’anniversaire de son grand-père expliquait bien des
choses, notamment le fait qu’Any portait la magnifique robe écarlate brodée des
armoiries des Potter, et surtout pourquoi ses cheveux étaient pour une fois
coiffés et retenus en une épaisse natte relevée sur sa nuque grâce à une
barrette en or.
« Tu as trente minutes, pas une de plus. Ordre de ton
père. » Ajouta Any d’une voix dont la température avoisinait celle de la
banquise en hiver.
Elle quitta la pièce, sa robe rouge virevoltant derrière
elle.
Dès qu’elle fut sortie, James se précipita vers la salle de
bain, se maudissant d’avoir oublié quelque chose de si important. Il expédia la
douche en deux minutes, se brossa les dents tout aussi rapidement et sortit en
coup de vent de la salle de bain, une brosse à cheveux inutile dans une main,
l’autre retenant vaguement sa serviette sur ses hanches.
Déméter cracha furieusement lorsque James manqua de lui
marcher dessus tant il était stressé par son retard et l’immanquable punition
que cela lui vaudrait.
Il jura en ouvrant sa penderie, fouilla dans la partie
réservée aux robes de soirées sans découvrir la robe frappée aux armoiries des
Potter et finit par découvrir celle-ci soigneusement pliée sur sa chaise de
bureau, non sans avoir au préalable retourné l’armoire dans tous les
sens.
« Saletés d’elfes de maison. » Pesta-t-il en
passant la robe avec un soin tout particulier.
Cette robe était la plus belle et la plus importante de sa
penderie. Impeccablement coupée dans de la soie noire, elle était brodée de
Runes dorées au niveau de la bordure des manches et de l’ourlet. Les armoiries
des Potter se profilaient au niveau du cœur, le phoenix rouge grimaçant au
griffon bleu représentatif du Manoir. La famille Potter était une longue
tradition de sorcier, et Barthélemy Potter se faisait une fierté de sa
puissance. Certes, le vieux sorcier ne se sentait pas noble de son sang-pur au
point de mépriser les nés-moldus [1]
mais il en était quand même particulièrement fier de cette tradition de sorcier,
et rien ne lui avait plus déplu que le mariage d’Alban Potter et Cassandra
l’Orpheline, les parents de James.
La porte s’ouvrit avec violence, arrachant James à ses
pensées oh combien philosophiques sur sa mort prochaine.
James se retourna et se retrouva face à face avec sa mère,
Cassandra Potter.
« Vas-tu te dépêcher, James ? »
S’exclama-t-elle d’un ton sec. « Ton grand-père va être
furieux ! »
James jeta un regard noir à sa mère, grogna un « Comme
si je ne le savais pas » qui lui valut un sourire moqueur et acheva de
passer sa robe.
« C’est bon ? » Demanda-t-il.
Sa mère hocha la tête en souriant d’un air soudainement
tendre.
Cassandra Potter était une grande femme aux longs cheveux
noirs qui lui retombaient en mèches éparses sur les épaules. Elle était mince,
avec un visage ferme et décidé. Un bandeau entourait en permanence son front, et
jamais James ne l’avait vu le retirer, même s’il savait très bien ce que
dissimulait la bande de tissu.
« Allez, viens, il faut y aller. »
James hocha la tête et la précéda hors de la chambre. Déméter
miaula derrière eux, mais il lui signifia qu’elle restait ici d’un regard, avant
de refermer la porte. Ils se hâtèrent en direction du salon, où les attendaient
les trois autres habitants des Ailes Bleues.
Son père les attendait, son impatience trahie par le
mouvement nerveux de son pied gauche. Alban Potter était un homme de grande
taille, qui avait hérité de son père sa grande carrure en plus de la célèbre
chevelure Potterienne. Il n’était pourtant pas extrêmement musclé, plutôt mince,
mais il dégageait une telle aura de puissance qu’on ne pouvait que se sentir
respectueux face à lui. Ses yeux bleus, les mêmes que ceux d’Any, ressemblaient
à deux lacs, comparables au ciel en été ou à la glace, selon les circonstances.
A cet instant, ils ressemblaient beaucoup au cercle polaire…
Derrière lui, légèrement en retrait, se tenait Théodore, le
frère jumeau d’Alban et père d’Any. Celui-ci habitait aux Ailes Bleues depuis la
mort de la mère d’Any, cinq ans plus tôt, lors d’un attentat de Voldemort. En
tant que jumeau d’Alban, il lui ressemblait énormément, et la seule différence
que l’on pouvait constater était la couleur plus foncée de ses yeux. Théodore
Potter était un Médicomage reconnu, bien qu’il soit assez mal vu de certaines
personnes, car il avait des opinions bien arrêtées sur le Ministère et celui qui
se tenait sur le fauteuil de Ministre.
James essuya une copieuse réprimande la part de son père. Son
oncle lui sauva la vie en les pressant, et Any jeta un regard noir à son cousin,
qui ne lui fit pas le moindre effet, tant James était concentré sur sa crainte
de son père.
Théodore lança une poignée de poudre de cheminette dans
l’âtre et se plaça au centre des flammes en articulant distinctement « Le
Château Noir ». Sa fille le suivit un instant après.
Alban jeta un regard menaçant, promesse de longues souffrances, à son
fils unique mais poussa celui-ci dans le feu. James frissonna au regard chargé
de colère que lui envoya Alban avant que les couleurs ne se mélangent et que ses
parents ne disparaissent.
Rapidement, les contours du salon du Château Noir apparurent
et James s’écrasa lamentablement sur le sol, comme à son
habitude.
« Je hais la poudre de cheminette. » Marmonna-t-il
sous les regards moqueurs de son oncle et de sa cousine.
Le feu se raviva derrière lui et sa mère apparut. Comme à son
habitude, son atterrissage se fit avec une facilité déconcertante et, il fallait
bien l’avouer, quelque peu frustrante. Elle s’écarta rapidement tandis qu’une
nouvelle gerbe de flammes s’élevait et que la silhouette d’Alban Potter se
profilait dans le conduit.
Celui-ci sortit de la cheminée avec cette élégance qui lui
était propre, celle qu’on ne pouvait qu’attendre chez les gens hauts placés.
Alban prit une grande inspiration et James se prépara psychologiquement à subir
une nouvelle fois les foudres de son père, mais une fois furieuse coupa net
l’élan de celui-ci.
« Alban Potter ! Puis-je connaître la raison
pour laquelle tu es en retard de dix minutes à l’anniversaire de ton
père ? »
L’interpellé se retourna en quatrième vitesse et passa
brusquement du mode « père en colère » à « enfant pris en
faute ». Devant lui se tenait, droite telle la justice, Elisabeth Potter,
la grand-mère de James.
Elisabeth était de ces femmes que la vieillesse semblait à
peine effleurer, teintant légèrement leurs cheveux de gris et traçant quelques
rides discrètes et qui ne faisaient que les rendrent plus belles. Elle était en
effet magnifique, avec son épaisse chevelure grise retenue en un haut chignon et
ses yeux bleus, dont Alban et Théodore avaient hérité. Elle portait, comme à son
habitude, une longue robe noire brodée de blanc qui moulait sa fine silhouette.
L’expression de son visage était étrangement figée à mi-chemin entre la sévérité
et la sagesse qu’apporte la vieillesse, sans pour autant être méchante ou
désagréable.
« C’est ma faute, grand-mère. » Fit James en
s’avançant de quelques pas, la tête baissée.
Elisabeth lui lança un long regard glacial, puis, très
brusquement, son expression s’adoucit quelque peu.
« Bienvenue au Château Noir, les enfants. »
S’exclama-t-elle avec un imperceptible sourire. « Cela faisait longtemps
que vous n’étiez pas venus. »
James sourit. Bien que sa grand-mère ait fortement
désapprouvé le mariage de ses parents, elle l’avait toujours adoré. Il était et
resterait son premier petit-fils, et l’héritier du nom des
Potter.
« A peine un mois, Elisabeth. Depuis l’anniversaire
d’Any. » Précisa Cassandra.
Les yeux bleus de sa grand-mère se tournèrent vers sa mère.
Cassandra et Elisabeth ne s’appréciaient que modérément, et, sans que leurs
relations soient froides, elles passaient leur temps à tenter de
s’éviter.
« Cassandra. »
L’intervention d’Alban brisa la tension qui régnait dans la
pièce. La mère de James se tourna vers son père et leva un sourcil
interrogateur.
« Nous allons être en retard. » Expliqua-t-il en
lui offrant son bras.
Sa mère pencha la tête sur le côté, dans cette attitude que
seuls ont les enfants et les femmes, puis eut un léger sourire en prenant le
bras qu’il lui présentait.
« Et bien mon ami, je pense que je suis dans
l’obligation de te suivre. »
James sourit d’un air narquois en voyant l’expression de sa
grand-mère, puis secoua la tête et suivit ses parents vers la salle de
réception. Derrière lui, Any et son père lui emboîtèrent le pas.
Il ne rentra pas dans la salle de réception, restant figé sur
le seuil de la porte. L’immense pièce était noire de monde. Certes, son
grand-père était quelqu’un de très connu -quel ancien directeur du département
des Sortilèges ne le serait pas ?- mais il ne s’attendait pas à trouver une
telle foule. Tout simplement parce que sa grand-mère avait une sainte horreur
des officiels, et il en aperçut un essaim près du buffet, et supposa que son
grand-père se trouvait au milieu, à juste titre d’ailleurs, puisque le concerné
fendit la foule tel Moïse la Mer Rouge [2].
Pour un peu, James l’aurait cru prêt à donner la bénédiction à sa mère pour lui
fournir une telle occasion de fuir ce troupeau.
Barthélemy Potter était grand. C’était toujours ce que les
gens pensaient lorsqu’ils le rencontraient, car cette taille s’associait avec
une impression de puissance, la même qu’on retrouvait chez Alban et Théodore.
Ses cheveux poivre et sel, en désordre, encadraient un visage carré, aux traits
bruts et au menton volontaire. De nombreuses rides entouraient les yeux et la
bouche de cet homme réputé grincheux. Certains disaient que les plis autour de
sa bouche étaient le résultat de ses célèbres éclats de voix, et tous ne
pouvaient que s’accorder sur ce point.
« Alban ! » S’exclama-t-il en s’avançant vers
son fils. « Que me vaut cette visite en cette heure si
matinale ? »
Le reproche dans la voix de son grand-père était à peine
dissimulé, et James se retint de grimacer à un jeune employé du Ministère qui
souriait d’un air moqueur de la gêne de son père. En effet, Alban faisait de
nombreux envieux au sein du Ministère, étant très haut placé, et ceux-ci ne
pouvaient rêver plus belle occasion de l’admirer dans son embarras.
Mais son père était bien remonté, James le voyait bien, et il
ne cilla pas sous la remarque.
« Il se trouve que j’ai été invité à un dîner
d’anniversaire, pour fêter les 70 ans de quelqu’un qui m’est cher, mais je ne
pensais pas trouver autant de jeunes coqs à cette réception que j’aurais
préférée intime. » Répliqua-t-il en fusillant du regard le jeune sorcier
qui avait ricané précédemment.
Celui se ratatina sur lui-même et Alban se détourna d’un air
satisfait. Cassandra lui fit les gros yeux, et il lui fit un léger sourire
d’excuse, avant de s’éloigner avec Barthélemy.
James soupira, promenant son regard autour de lui. Il repéra
Any dans le fond de la salle, à côté de Melissa Londubat, une pimbêche de
première. Any semblait quelque peu agacée par le babillage incessant de sa
cadette, qui rentrait cette année en seconde année d’études à Poudlard. Les
parents de Melissa, Andrews et Martina Londubat, discutaient avec Hémestus
McMillan près de la cheminée. Il s’étonna de ne pas voir Ellanda avec eux. La
jeune sœur d’Andrews n’étant guère disponible, elle profitait de toutes les
occasions pour voir son frère, et son absence surprit d’autant plus James qu’il
était certain qu’Ellanda avait été invitée à la réception de son grand-père, la
jeune femme ayant un poste important au sein du Cercle.
« Iris ! Quel plaisir de vous revoir enfin ! »
Retentit une voix derrière lui.
James vit volte-face, juste à temps pour voir son ami Remus
rentrer dans la salle avec ses parents. Iris et Edgus Lupin saluèrent rapidement
la salle, puis Iris se précipita vers Cassandra qui l’étreignit avec force,
tandis qu’Edgus rejoignait Alban et Barthélemy. Remus se dirigea sans hésitation
vers l’endroit où se tenait James.
Compte tenu de sa nature de loup-garou, Remus était quelque
peu indisposé par les foules, et, même s’il les supportait relativement bien,
les endroits déserts restaient ses préférés. Ils partirent donc s’installer dans
l’un des salons adjacents à la salle de réception bondée, sans qu’aucun des
adultes ne les voit.
James s’installa dans un canapé, tandis que Remus restait
debout, lui tournant le dos, le visage tourné vers la baie vitrée. James nota
avec inquiétude les immenses cernes qui soulignaient les yeux de Remus,
conséquence de la récente pleine lune.
Le silence s’étendit quelques minutes, puis Remus prit la
parole, de sa voix douce et fatiguée.
« Peter n’est pas là ? »
« Non, mais il ne devrait pas tarder. Enfin, tu connais
Edith. » Ricana James.
Un léger sourire joua sur les lèvres de Remus, puis il
disparut.
« Tu ne devrais pas te moquer. » Fit-il
remarquer.
« Non. » Répondit James, reprenant immédiatement
son sérieux. « Non, tu as raison. »
Edith Pettigrow était connu pour son incroyable maladresse et
ses perpétuels retards. Mais elle était surtout célèbre pour ses découvertes en
matière de sortilèges. Enseignante chercheuse en sortilèges, elle avait fait
toute la notoriété des universités de Grande-Bretagne en découvrant de nombreux
contre-enchantements à des sortilèges pouvant s’avérer dangereux lorsque mal
employés.
« Son frère est mort cet été. » Déclara
Remus.
James hocha sombrement la tête. Il savait par son
père.
« Il a été pris dans l’embuscade du 18 juillet. »
Ajouta Remus d’un air absent. « Il a été la seule perte, comme dirait notre
cher ministre. »
Remus n’avait que très peu de considération pour Adolphe
Hemiesans, l’actuel Ministre de la Magie. Bien entendu, peu de personnes en
avait, et surtout pas James, mais Remus bien moins que tout
autre.
Hemiesans était contre les créatures magiques en général et
les loups-garous en particulier, qu’il jugeait comme nuisibles et dangereux. Il
avait récemment voulu faire accepter une loi interdisant aux loups-garous de
travailler ou même de gagner de l’argent, par quelque action que ce soit, et si
elle n’était pas passée, c’était uniquement parce que Dumbledore et le Cercle
s’y étaient catégoriquement opposés.
La porte s’ouvrit et la tête blonde d’Iris Lupin apparut dans
l’encadrement.
« Ah, vous êtes là les garçons. Je vous cherche partout,
les Pettigrow viennent d’arriver. »
James et Remus lui sourirent et se précipitèrent dans la
salle de réception. La foule s’était écartée et formait un large cercle, au
centre duquel se tenait Barthélemy Potter. Son grand-père ne paraissait pas
vraiment ravi d’être l’objet d’une telle attention, mais il semblait prendre sur
lui-même, ce qui surprit énormément James. Son grand-père n’avait jamais été du
genre à patienter et attendre que ça passe. James fronça les sourcils. Il y
avait quelque chose derrière toute cette mascarade, c’était obligé. Il était
tout simplement impossible que Barthélemy ait invité tant de monde pour
simplement fêter ses 70 ans. Il y avait autre chose.
« James, dépêche-toi. » Souffla Remus en lui
envoyant un léger coup de coude dans les côtes qui le fit
grimacer.
Il hocha la tête.
Apercevant la tête de Mattéo Pettigrow qui dépassait comme à
son habitude tous les autres, ils se faufilèrent jusqu’au premier rang. Après
quelques coups de coudes, de nombreux excuses proférées à la va-vite par Remus
et même un ou deux pieds s’égarant malencontreusement dans des tibias dont le
seul crime était de ne pas s’être écartés à temps devant James, il s’extirpèrent
du troupeau, car on ne pouvait désigner autrement la masse compacte qui
s’étendait sur près de la moitié de l’immense salle de réception, et se
retrouvèrent devant Peter, haletants, essoufflés, mais vivants.
Peter Pettigrow était toujours le même garçon un peu
grassouillet, un peu maladroit, que quand James avait rencontré en première
année, même si son air craintif s’était quelque peu effacé de son visage, bien
moins marqué qu’à ses débuts de Maraudeur.
« Queudver ! Quel honneur de te voir, toi,
ici ! » S’exclama James d’un ton cérémonieux en ouvrant grand les
bras. « Que me vaut ta présence, vénérable Maraudeur ? »
Ajouta-t-il en faisant une ridicule petite courbette.
Peter sourit d’un air gêné, sans répondre. Il n’avait jamais
été habitué aux mises en scène de James, que celui-ci réservait généralement à
Sirius. Si celui-ci avait été présent, nul doute qu’il aurait trouvé quelque
cinglante réplique à lui renvoyer, et James fut déçu du manque de répartie de
son ami, songeant que même Remus aurait trouvé quelque chose de sarcastique à
lui répondre.
« Ah, mon pauvre Queudver, il y a de telles lacunes dans
ton éducation maraudesque. » Soupira James d’un air désolé et en secouant
la tête.
Peter rougit et se tordit les mains, honteux. Il avait
toujours accordé énormément d’importance aux jugements de James qui représentait
sans conteste possible le leader du groupe. Bien que Sirius exerçât, bien sûr,
une forte influence sur lui, c’était bien James qui avait le plus d’ascendant
sur le dernier des Maraudeurs, et il
en profitait sans vergogne.
Remus grogna sa désapprobation, et il ne lui accorda, comme à
son habitude, qu’une attention très minime, quand Barthélemy prit la parole,
empêchant par la même au loup-garou de lui faire part de ses
reproches.
« Mesdames, messieurs, mesdemoiselles, bonjour. Si je
vous ai tous réunis ici ce soir, ce n’est pas, comme vous vous en doutez,
uniquement pour fêter ma 70ème année, bien que cela reste d’une
grande importance pour moi et mes proches. » Il insista sur le mot
"proches" en regardant droit dans les yeux l’essaim d’officiels. « En
effet, je souhaiterais vous faire part du fait que je reprendrais mon poste en
tant que directeur du département des Sortilèges. Cette nouvelle nomination est
due aux évènements actuels que nous ne pouvons ignorer plus
longtemps. »
Il s’arrêta, laissant le temps à son public de digérer la
nouvelle.
James fixa son grand-père d’un air ébahi. Cela faisait déjà
quelques années que celui-ci s’était retiré du poste de directeur des
Sortilèges, et cela avait fait beaucoup de bruit à l’époque, car, si Barthélemy
fut réputé pour ses grognements, il était très apprécié de la population
sorcière, à une époque où le Ministère était à l’apogée de sa puissance avec
Hadalbus Honnetl à la place de Ministre.
Le choc laissa la foule sans voix pendant quelques instants,
puis tous parlèrent en même temps, provoquant un brouhaha énorme. Une nuée de
journalistes et d’officiels se jetèrent sur son grand-père pour l’assaillir de
questions.
Brusquement, une barrière protectrice apparut autour de
Barthélemy en éjectant tous ceux qui se trouvaient autour de lui sur un rayon de
deux mètres. Une aura glaciale envahit la salle et la rumeur s’atténua quelque
peu.
« SILENCE ! » Rugit une voix magiquement
amplifiée.
Immédiatement, le calme revint. Alban apparut brusquement aux
côtés de Barthélemy, qui lui lança un regard froid.
« Je suis capable de me débrouiller seul. » Grinça
le plus vieux.
« Ce n’est pas ce que j’ai vu. » Rétorqua Alban en
fixant d’un regard méprisant la foule.
La protection magique entourant Barthélemy tomba, et James
comprit au regard noir de son père que ce n‘était pas celui-ci qui avait relâché
le sortilège.
Il y eut un brusque remous dans la masse des invités et deux
personnes se précipitèrent vers Barthélemy, baguettes levées.
James vit la manche de l’un des deux se baisser et découvrir
la sinistre marque du mage noir.
Le premier s’apprêtait à lancer un sort, mais en un bond,
Alban fut sur lui.
Une épée apparut dans la main du père de James, tandis que de
l’autre il tenait toujours sa baguette. Il abattit la lame sur son adversaire
qui contra en faisait apparaître une dague, puis bloqua la baguette d’Alban avec
la sienne. Mais Alban sauta et l’assomma d’un coup de pied circulaire. James
crut apercevoir une fugitive lueur bleue mais celle-ci disparut si vite qu’il
douta de ce qu’il avait vu.
Alban avait fait suffisamment attention à épargner le
premier, le second en revanche n’eut pas cette chance. Il poussa un cri de rage
et se jeta sur Alban. Celui-ci fit un pas sur le côté, puis brisa la nuque de
son ennemi qui s’effondra au sol avec un petit gémissement étranglé. La fureur
irradiait d’Alban, se répandant dans la salle par vagues
successives.
La scène semblait figée dans le temps, Alban, debout au
centre de la salle, devant le cadavre d’un mangemort et le corps inanimé de
l’autre.
Puis brusquement, ce fut la débandade. Tous se précipitèrent
vers la sortie, ou transplanèrent avec plus ou moins de
préparation.
James détourna les yeux, pour rencontrer ceux de Remus. Le
visage était figé dans une expression de calme trompeur, mais l’iris doré
trahissait sa fureur et sa peur ainsi que, et James fut surpris de trouver ce
sentiment en Remus, une haine incontrôlable. Derrière, Peter pleurait toutes les
larmes de son corps en tremblant comme une feuille.
Derrière Alban, deux personnes encadraient Barthélemy, une
jeune femme aux cheveux roux et au visage parsemé de taches de rousseur, et une
seconde un peu plus âgée, aux cheveux violets moyennement longs. James reconnut
Amandine Weasley et Améthyste Parkinson, les lieutenants de son père, sans aucun
problème.
Une vingtaine de personnes restèrent au centre de la salle,
en plus de la Famille et des couples Lupin et Pettigrow.
Alban fit un signe de la main et Amandine Weasley transplana
en emmenant Barthélemy et Elisabeth.
Les mangemorts réagirent immédiatement. Une dizaine
attaquèrent le groupe d’adultes. Un petit groupe se précipita sur Cassandra et
Edith, restées en retrait, mais Iris s’interposa, envoyant un mangemort au tapis
et entamant un combat contre l’autre. Deux autres se lancèrent sur James, Remus
et Peter, mais Mattéo Pettigrow apparut derrière eux.
Juste avant que le père de Peter ne transplane avec eux,
laissant les deux mangemorts dépités, James eut le temps de voir son père
abattre un des ennemis d’un coup de poing. Il crut de nouveau apercevoir une
fugace lueur bleutée.
Ils atterrirent dans le salon des Ailes
Bleues.
« Comment ça se passe ? » Demanda Amandine
Weasley en rentrant dans la pièce, suivie de Barthélemy, visiblement très en
colère, et Elisabeth, qui ne semblait pas non plus très calme.
« Mal. » Répondit Mattéo. « Ils sont beaucoup,
trente, peut-être plus. Ils ont bloqués la cheminée, et ont tués une bonne
trentaine de personnes. » Détailla-t-il sombrement.
James vit son grand-père pâlir.
Deux pops sonores les détournèrent de leur sujet morbide.
Cassandra et Edith venaient de transplaner. James se précipita dans les bras de
sa mère, tandis qu’Edith étreignait avec force Peter.
« Où sont mes parents ? » Demanda Remus d’une
voix blanche.
« Ils allaient bien quand nous sommes parties. »
Fit Cassandra d’une voix douce.
« Faut-il que j’aille les aider ? » Demanda
Amandine.
« Je doute qu’aucune aide soit refusée. » Répondit
Cassandra.
Amandine transplana immédiatement, rapidement suivie de
Mattéo, malgré les protestations désespérées de Peter et Edith.
James se dégagea de l’étreinte de sa mère et se dirigea vers
Remus, qui serrait les dents en fixant un point lointain. Il le força à
s’asseoir, puis, silencieusement, obligea le loup-garou à desserrer ses poings
dont les jointures étaient devenues blanches, dépliant lentement les doigts
crispés. Il savait parfaitement ce que ressentait Remus au quotidien, avec une
mère Enchanteresse et un père Auror, alors en les sachant au combat, risquant
leurs vies en ce moment même… Lentement, Remus se détendit et se laissa aller
dans les bras de James.
Ils restèrent ainsi pelotonnés sur le canapé, où Peter ne
tarda pas à les rejoindre. Serrés les uns contre les autres, ils se rassuraient
mutuellement, chacun devenant une bouée, une ancre pour les deux
autres.
Un frisson secoua James tandis que l’image de son père mort
se formait lentement devant ses yeux. Il secoua la tête pour chasser ces sombres
pensées. Son père n’était pas le Chef des Enchanteurs pour rien.
Le temps s’écoulait lentement, rythmée par les respirations
et l’horloge du salon qui égrenait doucement son tic-tac.
Cassandra secouait lentement la tête en remuant la tête,
comme si elle chantonnait une chanson en elle-même.
Edith traçait des cercles sur le sol en mouvements
répétitifs, et parfois un léger spasme la secouait. Elle avait essayé de
transplaner au Château Noir dix minutes auparavant, mais avait brutalement été
rejetée par une protection. La cheminée avait été déconnectée du réseau
Cheminette, le Château Noir étant désormais complètement coupé.
Elisabeth était assise dans un fauteuil en face du canapé où
les trois garçons étaient installés. Elle n’avait plus ouvert la bouche depuis
sa proposition de prévenir le Ministère. Celle-ci avait été repoussée par
Cassandra, qui arguait que celui-ci ne pourrait rien de plus, et que de toutes
façons, quoi que le Ministre décide, ils ne pourraient pas s’approcher du
Château Noir.
Barthélemy avait quitté les Ailes Bleues depuis une
demi-heure, sentant qu’il était de son devoir d’être présent à son ancien poste
désormais retrouvé. Mais il s’agissait plus d’un prétexte pour fuir l’atmosphère
d’attente lugubre qui régnait sur le manoir. Et pour échapper à sa culpabilité,
car il n’y avait aucun doute qu’il se considérait comme entièrement responsable
de ce qui arrivait.
Une demi-heure passa ainsi, puis deux personnes entrèrent
dans la salle, provoquant la surprise générale.
Cassandra poussa un cri et se précipita vers Any, qu’elle
serra dans ses bras de la même manière qu’elle l’avait fait précédemment avec
James. Des larmes de joie couraient sur les joues d’Any.
Jamais James ne fut aussi heureux de voir sa cousine.
Théodore arriva à sa suite, portant Melissa Londubat dans ses
bras. Il avait une expression sinistre.
« Elle est morte. » Dit-il à voix
basse.
Il traversa la pièce, et déposa avec précaution le corps sans
vie de Melissa sur l’unique divan inoccupé.
Elisabeth porta la main à sa bouche en une grimace
horrifiée.
James eut un violent haut-le-corps en découvrant le corps
mutilé de Melissa. Une larme coula lentement le long de sa joue, et il se leva
pour caresser le visage de Melissa. Il pensa à Frank Londubat, son frère aîné,
qui rentrait en septième année, et une autre larme roula, tombant sur le visage
miraculeusement épargné de la jeune fille.
Puis brusquement, les larmes coulèrent à flots. Any vint
l’enlacer, et il sut qu’elle aussi pleurait lorsqu’il sentit sa robe se
mouiller. Il avait toujours considéré Melissa comme une idiote de premier rang,
mais il la côtoyait depuis l’enfance, il l’avait porté alors qu’elle était un
poupon et lui un gamin. Il ne pouvait pas se représenter la famille Londubat
sans Melissa.
« Ellanda et ses fils sont eux aussi morts. »
Prononça soudainement Théodore.
« Merlin. » Murmura Cassandra. « Comment
l’as-tu appris ? »
« Dumbledore a envoyé un message. »
« Andrews n’y survivra pas. Pas sans Ellanda et
Melissa. »
James eut un hoquet, ainsi que Any.
Celle-ci essaya sans succès d’aspirer de l’air. En deux pas,
Théodore fut à ses côtés. Il la prit dans ses bras, telle une enfant, et la
berça contre lui. La cousine de James s’accrocha à son père avec force, telle
une noyée à une bouée.
« Andrews est déjà au courant. » Dit-il sombrement
en se dirigeant vers la porte. « Il a failli quitter le Cercle. Son envie
de vengeance est trop grande, il n’est pas lucide. Martina est en passe de
devenir folle. »
« Elle survivra, elle est forte. » Répondit
Cassandra. « Mais j’ai peur pour Andrews. Ellanda était son
pilier. »
« Il vivra tant que sa haine sera là pour le
soutenir. »
L’annonce résonna dans le salon. Théodore quitta la pièce,
emportant une Any sanglotante, mais laissant dans son sillage un sentiment amer
et glacé.
James retourna s’asseoir sur le canapé, et Remus l’attira
contre lui, où il laissa libre cours à sa tristesse, et rapidement Remus et
Peter se joignirent à lui.
Brutalement, Cassandra se leva, tendue comme un
arc.
Le mouvement de sa mère fit lever les yeux à James, et il
comprit immédiatement ce qui se passait.
Ils étaient revenus, et l’un deux souffrait.
D’un même mouvement, James et Cassandra se levèrent et se
précipitèrent en direction du hall, suivis des autres qui n’étaient pas surpris.
Arrivés aux escaliers, ils croisèrent Théodore qui courait dans la même
direction qu’eux. James ne douta pas un instant qu’Any était réveillée, assise
sur son lit à surveiller ce qui se passait.
Ce qui se passait était la conséquence directe du fait
d’habiter aux Ailes Bleues. En effet, le Manoir était construit sur une source
de magie, et ceux qui vivaient depuis longtemps au Manoir avaient été imprégnés
de la magie du lieu, et chaque fois qu’une créature magique entrait dans
l’enceinte des Ailes Bleues, ils en ressentaient la présence.
Amandine Weasley rentra la première, soutenant et soutenue
par Edgus Lupin. Tous deux avaient une large entaille au ventre, comme si un
coup circulaire les avait touchés. Amandine se tenait aussi la hanche d’un air
douloureux. Sa main était rougie par le sang qui suintait.
En bon médicomage, Théodore voulut l’aider, mais Amandine le
repoussa en montrant Améthyste Parkinson et Alban qui arrivaient en soutenant
Mattéo Pettigrow.
Celui-ci semblait très mal en point. De nombreuses plaies
parcouraient son corps, et il avait perdu tant de sang qu’il était près de
s’évanouir.
Edith poussa un cri et voulut se précipiter sur son mari,
mais Cassandra la retint, tandis qu’Elisabeth couvrait les yeux de
Peter.
Théodore s’approcha, pendant que les deux Enchanteurs
étendaient Mattéo sur le sol. Le processus de guérison
s’enclencha.
Théodore finit rapidement de soigner Mattéo, et celui-ci se
releva en grognant. Peter et Edith se jetèrent sur lui en sanglotant de bonheur
et de soulagement, tandis que le guérisseur allait soigner Edgus et
Amandine.
Dès que les blessures d’Edgus furent refermées, Remus se jeta
sur lui. Il s’était fait violence pendant tout le temps qu’avait duré les soins,
ne souhaitant pas blesser son père.
« Tout va bien bonhomme. » Fit celui-ci en lui
caressant les cheveux. « Ta mère arrive dans un instant, elle fait le
nettoyage. »
Autrement dit, elle était partie emmener les prisonniers au
Ministère.
« Elle ne devrait pas tarder. » Ajouta
Edgus.
En effet, Iris ne tarda pas : sitôt qu’Edgus acheva sa
phrase, elle pénétra dans le hall. Edgus et Remus s’approchèrent d’elle. Elle
enlaça Edgus et étreignit Remus de toutes ses forces.
James trouva le tableau touchant, et il se sentit un peu
triste de ne pouvoir avoir la même attitude avec son propre père. Mais il se
secoua. Si Alban témoignait si peu de marques d’affection, elles n’en étaient
que plus agréables.
Iris se détacha d’Edgus à regrets, mais avec
fermeté.
Elle se dirigea vers Alban et lui parla longuement à voix
basse. Alban hocha la tête.
« La guerre est déclarée ! » Annonça-t-il
d’une voix forte. « J’annonce la reformation intégrale du
Cercle. »
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Hé
hé…
Fin du
chapiiitreuh !