La Malédiction des
Runes
Chapitre
1
Auteur :
Koyomi
Base : Harry Potter, on
se refait pas.
Titre : La Malédiction
des Runes
Couples : Aucun pour le
moment.
Disclaimer : Ils courent ils
courent, les bishôs, les bishôs de JKR… Oui, ça veut dire qu’ils sont pas à moi. Mais je me suis acheté un filet à
papillons et j’ai pas pu résister quand j’ai vu Dray
passer en petite tenue…
Il
avait eu un mal fou à pénétrer dans cette simple pièce, la chambre de sa mère,
mais que celle-ci avait tant protégé contre les intrus – contre son propre fils
- qu’il l’avait idéalisé. En réalité le sanctuaire n’était qu’une pièce aux
dimensions moindres, du moins comparée aux gigantesques salles du Manoir
Malefoy, tendue de velours bleu nuit. Aucune lumière ne transparaissait à
travers les volets, pas même celle de la lune qui devait éclairer d’une lueur
pâle le parc, à l'extérieur, disputant à l’aube naissante la domination du ciel.
Il y avait peu de meubles, mais on sentait l’élégance et la grâce si
particulières à sa mère qui se reflétaient jusque sur le grand miroir en bois de
santal, la coiffeuse finement sculptée, et même l’imposante armoire en ébène.
Sur le mur, juste au dessus de la coiffeuse, s’étendait une unique toile, où
n’apparaissaient à ce jour que quatre personnes que Drago n’arrivait pas à
identifier, car leurs visages étaient masqués par une étrange brume opaque.
Drago doutait que ce fut un simple défaut de la toile et pensait plutôt à un
sortilège qui ne révélait qu’à certaines personnes bien précises ce qu’il
masquait. Et manifestement, il ne faisait pas partie de ce cercle de
privilégiés.
Pris
d’un brusque accès de rage, il renversa la lampe d’un coup violent, arracha le
couvre-lit, éventra les oreillers, déchira les draps de satin bleu. Aveuglé par
sa colère, il ne se rendit pas compte que la chambre fut dévastée en quelques
secondes et continua à s’acharner, détruisant tout, même la toile qui l’avait
tant intrigué quelques instants plus tôt . La haine se distilla en lui avec
rapidité, et il accueillit à bras ouverts cette vieille amie qui l’avait tant
bercé durant son enfance, ou plutôt son absence d’enfance.
Sa
mère, sa mère n’avait pas le droit de se protéger ainsi contre lui, son fils –
son fils, par Merlin !- de fermer ainsi, avec tant de sortilèges, cette
minuscule, cette ridicule petite pièce. Se protéger de sa propre famille
!
La
colère le déserta si brutalement qu’il en resta choqué.
Lentement,
hébété, il recula jusqu’au mur contre lequel il se laissa glisser, et il resta
ainsi prostré, observant dans le miroir en face de lui son reflet qu’il fixait
d’un regard vide. Il pouvait voir son propre visage fin et pointu, ses yeux
bleus métalliques écarquillés par la surprise, ses cheveux si blonds, si proche
du blanc, si typiques de sa famille, sa bouche désespérément ouverte dans un
appel à l’aide qui ne franchissait pas ses lèvres et l’expression de la
stupéfaction la plus totale empreinte sur ses traits, comme il réalisait peu à
peu qu’il venait de perpétrer le forfait même contre lequel sa mère s’était tant
défendue, ce viol, cette intrusion dans sa vie privée, dans sa vie tout court.
Qu’il venait de donner raison à sa mère.
Il
remarqua, fasciné, que son corps commençait à trembler, l'observant avec un
détachement clinique, comme si ce n’était pas lui mais un autre, un inconnu aux
réactions surprenantes et inattendues. Une personne dont la volonté brisée avait
fait perdre le contrôle de son corps, une personne étrange, lunatique, que rien
n’aurait pu convaincre de se lever.
Car
c’était exactement ce qu’il ressentait.
Il
resta ainsi de longues minutes, jusqu’à ce qu’il enregistre et accepte le fait
qu’il était le responsable de ces dégâts. Une vague de dégoût contre lui-même
remonta jusqu’à sa bouche, parcourant sa gorge desséchée par la honte, lui
laissant un goût amer sur le palais.
Le
souvenir de la mort de sa mère chassa tout remord et l’arracha à sa rêverie
sinistre. Il tenta de se convaincre qu’il ne faisait rien de mal, qu’il n’était
là que pour trouver une raison valable à la fin prématurée de cette femme qui
avait représenté à ses yeux un modèle de beauté et de fierté.
Mais
un brusque sursaut de lucidité lui rappela qu’il était là uniquement parce que
la disparition de sa génitrice avait entraîné un extraordinaire affaiblissement
des sortilèges de protection apposés sur l’entrée du sanctuaire
maternel.
Se
secouant mentalement, il envoya au diable les principes. Il était parvenu
jusqu’ici, avait commis le sacrilège ultime et ne pouvait rien y changer, quand
bien même il l’aurait souhaité. Et, par Viviane, il ne repartirait pas d’ici
sans ce qu’il était venu chercher.
Un
simple petit carnet noir, qu’il avait accidentellement entr’aperçu entre les
mains de sa génitrice. Il ne doutait pas un instant que le carnet avait beaucoup
de valeur aux yeux de sa mère, car jamais il ne l’avait revu, et pourtant il
savait qu’elle ne l’avait ni perdu, ni jeté.
Il se
rappelait l’inquiétude dans ses yeux, la délicatesse et les précautions avec
lesquelles elle le manipulait, ses réactions et ses sursauts quand elle croyait
entendre quelqu’un arriver. Et surtout, la vitesse à laquelle elle l’avait
dissimulé dans ses robes lorsqu’elle s’était aperçue de la présence de
Drago.
C’était
en deuxième année. Drago revenait d’une entrevue houleuse avec son père. Lucius
avait été extrêmement énervé d’apprendre que malgré son « cadeau » à l’équipe de
Quidditch de Serpentard, et surtout à son fils, celui-ci s’était fait prendre le
vif d’or sous le nez par le Survivant. Drago gardait encore un souvenir cuisant
de cette défaite, et plus encore de cette entrevue. A peine sorti du bureau de
son père, il avait immédiatement pris la direction de ses appartements. Il avait
décidé d’emprunter le chemin le plus court, celui qui passait par le salon vert
et la petite salle de réception. Il n’empruntait habituellement jamais ce
chemin, lui préférant la grande salle de réception et la galerie des portraits,
ce qui expliquait sûrement que sa mère se fut réfugiée
dans le salon vert ce jour là. Il avait à peine poussé la porte, et apercevant
sa mère de dos, l’avait laissé juste assez ouverte pour qu’il puisse voir ce que
celle-ci faisait. C’était à cet instant précis qu’il avait vu le carnet, puis sa
mère s’était retournée et le carnet avait disparu.
Il
lui fallait ce carnet, que ce soit simplement par simple désir de possession, ou
par curiosité. Il entreprit donc de le chercher, des endroits les plus évidents
aux plus farfelus.
Par
la suite, il ne se rappellerait pas très bien de l’enchaînement de circonstances
qui le conduisit à la découverte du carnet.
Toujours
est-il qu’en tentant maladroitement d’ouvrir le tiroir de la coiffeuse malmenée
par son récent éclat de rage, il heurta durement la planche inférieure de la
paume de sa main. La douleur du coup, associée à la décharge magique qui le
parcourut lui arracha un petit cri de douleur mais il ne retira pas sa main. Il
vit le panneau coulisser et le petit carnet lui tomba dans la
paume.
Il
fut si surpris qu’il resta un long moment à fixer le petit cahier, bouche bée.
Puis, recouvrant ses esprits, il entreprit de quitter /fuir/ la chambre de sa
défunte mère, laissant la pièce saccagée, figée dans un désordre qui parut
macabre à Drago.
Il
repassa au travers des barrières magiques, grimaçant aux décharges qu’il ne
cessait de recevoir, puis regagna sa chambre, sa chambre aux dimensions si
impressionnantes, au luxe inouï, au décor surchargé… Sa chambre où la richesse
suintait de la soie de son lit aux lustres de diamant, tel un poison qui se
répandait dans ses veines où coulait le sang si pur des Malefoy.
Un
sursaut d’orgueil et de fierté le secoua tandis qu’il admirait le velours vert
des tentures, puis il repensa à la sobriété de la chambre de sa mère, et la
sienne lui parut vide de tout sens, dénuée de toute intimité, et une vague
d’indignation qu’il savait mal placée le parcourut.
« On
m’a volé ma vie, on m’a volé mes nuits… » Murmura-t-il sans savoir d’où lui
venaient ces mots.
Mais
son arrogance reprit le dessus et fit tout pour le conforter dans l’idée qu’il
appartenait à une classe de privilégiés, et qu’il devait s’en sentir
fier.
Malgré
cela le sentiment de honte, tenace, ne disparaissait pas et lorsqu’il voulut
ouvrir le carnet, il ne put s’empêcher de lancer quelques regards nerveux autour
de lui, comme pour s’assurer que personne ne l’espionnait. Une fois rassuré, il
caressa la couverture en cuir de dragon, où le nom de sa mère s’étalait en
longues lettres de sang.
Ce
n’était effectivement rien de plus qu’un simple petit carnet. Le parchemin était
certes de qualité, mais la seule chose réellement remarquable était inscrite en
lettres argentées sur la tranche.
En
fins caractères penchés s’étendaient la mise en garde de sa mère, qui n’était
autre que la devise de Poudlard : Draco dormiens numquam
titillandus.
Drago
les répéta à haute voix et ils résonnèrent lugubrement dans la grande chambre,
le faisant frissonner.
Enfin,
se ressaisissant, il souleva la mince couverture et se trouva devant une page de
parchemin entièrement blanche. Dépité, il allait refermer le carnet, mais il
réfréna son impulsion en se souvenant que le carnet était à sa mère, et donc
disposait lui aussi d’une protection. Pris d’une brusque inspiration, il se leva
et s’assit à son bureau. Il se saisit d’une plume, la plongea dans l’encre, et
la plaça en suspension au dessus du parchemin. Tandis qu’il réfléchissait à ce
qu’il allait marquer, une petite goutte d’encre tomba de sa plume. Elle forma un
petit pâté inesthétique sur la papier, puis disparut au bout de quelques
secondes, peu à peu absorbée par le parchemin
ensorcelé. Une écriture bleue prit la place de la gouttelette.
Narcissa
? Demanda le carnet.
Drago
tressaillit, et, avec soin, entreprit de répondre.
Narcissa
Black n’est plus. Je suis son héritier.
Quel
est ton nom ?
Drago
se sentit une pointe de fierté quand il inscrivit son identité sur le parchemin
jauni.
Drago
Angelus Malefoy.
Aussitôt
que la mince ligne disparut, le carnet lui sauta des mains et se referma avec
violence. Apparemment, il ne considérait pas cela comme la bonne réponse. Des
larmes de rage brûlaient les yeux de Drago, mais il les retint, s’interdisant de
pleurer juste parce que sa mère lui avait refusé, même après sa mort, de faire
d’une quelconque façon partie de sa vie.
Il se
rejeta en arrière et ferma les yeux, laissant ses pensées vagabonder, évitant
autant que possible le sujet de sa mère et du carnet.
Il
songea qu’il reprenait l’école dans quelques jours, que la lettre de Poudlard
reposait sur son bureau, la liste de fournitures à côté, et qu’il faudrait
bientôt se rendre à Diagon Alley
Il
songea qu’il entrait en sixième année, que sa mère était morte et son père, bien
qu’officiellement considéré comme une erreur de justice, était connu par
tous comme le bras droit du Seigneur des Ténèbres.
Il
songea qu’Azkaban n’était plus, et que quelques centaines de criminels se
baladaient dans la nature, la plupart sous les ordres du maître de son père.
Il
songea, avec une sombre satisfaction, que Harry Potter allait souffrir cette
année, bien plus que toutes les autres, alors que lui regarderait cette pagaille
de loin, à l’abri de tout danger en vertu de son statut de protégé.
Il
éclata de rire en songeant à tous ses incompétents du Ministère qui s’agitaient
pour rien, et qui ne faisaient rien d’autre qu’ajouter à la panique diffuse de
la population sorcière.
Il
dut s’endormir, à un moment ou à un autre, car lorsqu’il rouvrit les yeux, il
était perclus de courbatures. Ce qui l’avait manifestement réveillé, c’était la
présence du jeune elfe de maison qui se tenait devant lui, vaguement couvert
d'une taie d’oreiller à la saleté repoussante. La créature, écœurante d’humilité
et de soumission, tremblait de tous ses membres, en ouvrant et fermant la
bouche, dans l’attitude profondément idiote qu’ont les elfes lorsqu’ils veulent
dire quelque chose mais que la terreur empêche de passer.
«
Maaaaître… » Bêla-t-il enfin,
plaintivement.
« Eh
bien, parle ! » S’impatienta Drago, que la seule chose qui réfrénait sa colère
était la perspective d’apprendre quelque chose de la bouche de
l’elfe.
« Le
jeune Maître doit descendre. Le jeune Maître est attendu dans la salle à manger
par le Seigneur Malefoy. » Lâcha enfin l’elfe, en faisait une courbette dont le
ridicule était accentué par le tremblement nerveux qui parcourait son corps, ce
qui ne manqua pas d’agacer Drago.
Il se
dirigea vers la penderie, donnant un bon coup de pied dans le corps desséché au
passage et enfila une robe de soirée noire, puis descendit à la salle à
manger.
Comme
la grande majorité des pièces du Manoir, la salle à manger était immense et
imposante. De nombreux tableaux couvraient les murs, et Drago aimait descendre y
discuter avec les ancêtres Malefoy.
Son
père y était déjà, ce qui ne surprit aucunement Drago. Grand, mince mais musclé,
les longs cheveux blonds-blancs si caractéristiques de la lignée Malefoy retenus
en une queue basse, vêtu d’une longue robe de brocart noir, son père respirait l’aristocratie et la noblesse. Ses mains reposaient
sur le pommeau en forme de tête de serpent de son inséparable canne. Aussi loin
que remontaient les souvenirs de Drago, il n’avait jamais vu son géniteur sans
elle.
Il
sentit le regard de son père ainsi que celui des tableaux peser sur sa nuque
tandis qu’il prenait sa place, à l’autre bout de la longue table en
ébène.
« Eh
bien, Drago, qu’as-tu fait de ta journée ? » demanda Lucius en croisant les
mains.
J’ai
pénétré par effraction dans la chambre de feue ma mère, je l’ai saccagé, oh, et
au passage, j’ai volé son journal intime, mais rassure-toi, je n’ai rien
découvert de compromettant sur toi, il a refusé de me livrer ses secrets…
pensa Drago cyniquement.
«
J’ai étudié, Père. » répondit-il à la place, avec la nuance exacte de fierté
dans la voix que son père lui permettait d’avoir en sa présence sans
l’interpréter comme de l’insolence.
«
J’espère que tu dépasseras enfin cette sang de bourbe cette année
»
La
menace dans le ton de son père était à peine voilée, mais Draco ne réagit pas.
Ne jamais montrer ses sentiments, c’était une des principales règles de
comportement chez les Malefoy. Ne pas laisser d’ouverture à l’ennemi, ne pas le
laisser dominer.
« Il
sera nécessaire que je me rende à Diagon Alley pour mes fournitures
prochainement, Père. »
Lucius
hocha doucement la tête, à la fois en signe d’appréciation quant à la répartie
de son fils et d’accord à sa requête, puis il frappa dans ses mains, marquant la
fin du rituel et impliquant l’autorisation de Drago à se restaurer.
Instantanément, la nourriture apparut.
Drago
n’avait pas très faim mais se savait en devoir de justifier sa présence dans la
salle à manger. Il n’était en réalité présent que parce que son père en avait
fait la demande. Habituellement, Drago se faisait porter ses repas dans ses
appartements, et sa présence dans la salle à manger n’était requise qu’en de
rares occasions, telles que les réceptions de son père ou les dîners de sa mère.
Il se força donc à avaler quelques crudités à la française –la Famille était
très fière de ses origines françaises- attendant que son père ne se décide à
aborder le sujet dont il tenait à lui parler au point d’utiliser le prétexte du
déjeuner pour masquer son impatience.
Bien
entendu, Drago n’était pas dupe de ce manège, et son père le savait, mais chacun
jouait son rôle à la perfection. Enfin, Lucius brisa le silence.
«
Drago, tu auras tes 17 ans en Janvier. Ta majorité. Tu seras en âge d’être
initié. »
Drago
hocha la tête, sachant par expérience qu’il était préférable de se taire et
d’attendre la suite, s’il voulait l’entendre.
«
J’ai donc décidé d’occuper ce temps par l’enseignement des Arts Sombres.
»
L’annonce
résonna comme un coup de tonnerre dans la grande salle. Drago n’osait en croire
ses oreilles, mais l’expression sérieuse de son père le convainquit, et
l’excitation s’empara de lui.
« Je
vous remercie, Père. » Fit-il, contrôlant les inflexions tremblantes de sa voix.
« Je saurais me montrer digne de ce présent. »
« Je
n’en attend pas moins de toi. » Répliqua Lucius avec un regard glacial. « Tu as
tout intérêt à te montrer à la hauteur de mes attentes. Cela changera
agréablement. »
Un
tressaillement parcourut Drago, qui savait très bien que son père faisait à la
fois référence à ses résultats en baisse, au fait que cette sang de bourbe de
Granger le dépassait largement, et à ses défaites successives contre le
Survivant, en Duel comme en Quidditch.
« Ne
vous inquiétez pas de cela. » Répondit Drago en soutenant son
regard.
Lucius
acquiesça.
«
Espérons. » Ajouta-t-il en se levant.
Il
quitta la salle, laissant Drago seul. Celui-ci attendit quelques secondes,
réfléchissant à tout ce qu’impliquerait ce changement pour lui et en lui. Puis
il se leva à son tour, et prit le chemin de ses appartements.
Une
fois arrivé, Drago découvrit une note de la main de son père.
Rends toi à Knockturn Alley, au
passage…
Drago
eut un rictus. Il lança le mot dans la corbeille à papier, où il se consuma dans
le feu de celle-ci.
Logique.
Son père lui donnait désormais l’autorisation de posséder des objets fortement
proche de l’illégalité, sans toutefois trop l’impliquer.
Puis
il se rendit compte qu’il ne pouvait tout simplement pas s’y rendre. Le risque
était trop grand qu’un élève ou plus probablement un professeur de Poudlard ne
l’y aperçoive. Mais le mot de son père était formel. Drago n’avait pas le choix,
c’était purement et simplement un ordre que Lucius lui donnait. Il lui faudrait
être prudent, extrêmement prudent.
Drago
jeta un coup d’œil à l’horloge. Il n’était que deux heures et demi, il avait
largement le temps de se rendre là-bas.
Il
passerait par le Dragon Noir, cela justifierait sa présence à Knockturn
Alley.
Le
Dragon Noir était un pub très chic, qui se situait au beau milieu de Knockturn
Alley. La plupart des sangs-purs se rendaient à Diagon Alley par là, refusant de
passer par le Chaudron Baveur, considérant que l’entrée que tous ces sangs-de-bourbes empruntaient n’était pas de leur niveau.
Les années précédentes, Drago avait toujours été accompagné de son père, mais il
savait que le nom Malefoy en imposait assez pour que personne ne lui cherche des
noises.
Drago
attrapa une boîte en argent et piocha dedans une bonne poignée de poudre de
cheminette, puis se plaça au centre du feu magique qui brûlait en permanence
dans la cheminée en marbre –aucun feu n’était naturel au Manoir, le rouge y
étant désavoué, autant que les pratiques moldues- et prononça d’une voix claire
: « Knockturn Alley ».
Les
couleurs s’entremêlèrent et il ferma les yeux, ce mélange lui procurant
immanquablement une désagréable sensation de tournis, ce qui le faisait osciller
et, en règle générale, rater sa destination, ce qu’il ne souhaitait en aucun
cas.
Peu à
peu, le tournoiement s’apaisa et lorsque le corps de Drago fut complètement
immobile, il ouvrit les yeux. Devant lui se profilait l’intérieur très distingué
du Dragon Noir, avec ses majordomes qui, à défaut d’être des sangs-purs, étaient
au moins très bien habillés. L’un d’eux se précipita vers Drago, en tentant
maladroitement de camoufler l’empressement que provoquait la présence de
l’Héritier Malefoy. C’était manifestement une jeune recrue, qui accusait à peine
vingt ans, selon les estimations de Drago, car le majordome était raide dans son
élégante robe, et le sang-froid ne faisait pas partie de sa panoplie de travail,
apparemment. De plus, le regard agacé du maître-majordome du pub montrait qu’il
était absolument furieux que le jeune stagiaire se soit ainsi précipité sur un
client aussi important.
«
Puis-je faire quelque chose pour vous, Monsieur ? » Demanda le majordome avec
une politesse exagérée.
« Pas
grand chose, j’en ai peur. » Répliqua Draco avec un geste agacé de la main,
comme pour chasser un moustique inopportun.
La
vexation se lut sur le visage du majordome avec une netteté effrayante. Les
majordomes les plus anciens ne prenaient jamais en compte les réflexions des
arrivants, habitués qu’ils étaient à leurs réactions méprisantes. Il ouvrit la
bouche pour répliquer, mais quelque chose dut l’en empêcher, car il la referma
aussitôt, comprenant que l’esclandre n’était pas souhaitable face à l’Héritier
Malefoy. Draco lui adressa un sourire narquois, auquel le jeune homme répondit
par un regard noir qui n’émut pas le moins du monde le
Serpentard.
Il
sortit du pub et prit la direction du Machiavelic Penseur.
Le
Machiavelic Penseur était une immense boutique de Knockturn Alley, bien plus
fréquentée et autrement plus fournie que Barjow & Beurk, le magasin où son
père s’était débarrassé de quelques articles « compromettants » lors de sa
seconde année. Depuis, la boutique avait fermé, pour cause de perquisition du
Ministère. Ce stupide Arthur Weasley avait réussi à prouver que le propriétaire
de possédait pas la plupart des permis nécessaires à la vente des artefacts
dangereux qui étaient accessibles à ce magasin.
C’était
une majestueuse bâtisse, qui, sans arriver au niveau de Gringotts, était
néanmoins très remarquable. Les pierres brutes et noires qui composaient la
majorité de l’édifice lui donnaient un air quelque peu lugubre, accentué par
l’attitude des sorciers qui tournaient autour.
Presque
aussi grand que la célèbre banque en souterrains, la plupart des articles du
Machiavelic Penseur étaient illégaux, et seules les
personnes agréées pouvaient pénétrer dans les niveaux interdits. Les articles
exposés en surface étaient, certes, à la limite du légal, mais on y trouvait
parfois quelques articles intéressants, et au moins, il pouvait y accéder,
l’accès aux rayons plus poussés lui étant refusé en raison de son jeune
âge.
Mais
aujourd’hui, la seule chose qui l’intéressait vraiment, c’était une pierre, et
en cela, l’invitation de son père à se rendre sur Knockturn Alley présentait une
aubaine. Une pierre gravée d’une rune, qui lui faisait étrangement penser au
pendentif de sa mère.
Machinalement,
il caressa le petit médaillon du bout des doigts.
Il
l’avait récupéré dans les affaires qui avaient été retrouvées sur le corps de sa
mère. Le pendentif composait le tout avec une robe de combat. Drago n’avait pas
compris ce que sa mère faisait ce soir-là habillé d’une robe de combat, mais
cela l’avait bien moins intrigué que le petit pendentif, sur lequel était
gravés, en tout petit, avec une très grande finesse, deux runes entrelacées,
Dagaz, qui, d’après ce que Draco en savait, signifiait un accomplissement, une
période où la volonté avait une forte influence sur les évènements, et Ehwaz,
qui annonçait un nouveau départ, une nouvelle orientation de
vie.
Drago
ne comprenait pas la signification que pouvait avoir l’association de ces deux
runes, mais il espérait pouvoir le découvrir en retrouvant la pierre, qu’il
avait aperçu quelques temps auparavant au Machiavelic Penseur.
Il
pénétra sans attendre dans le magasin, si on pouvait l’appeler comme ça. Si
l’extérieur était impressionnant, l’intérieur l’était bien plus. Les hautes
voûtes et les vitraux limitaient l’accès de la lumière, ainsi que les centaines
et les centaines de rayonnages remplis d’artefacts en tous genres, d’objets
ensorcelés et/ou mortels, d’ingrédients rares, de grimoires poussiéreux, et
présentant pour la plupart des sortilèges dangereux, voir même
interdits.
De
nombreux sorciers se croisaient sans s’effleurer, se regardaient en coin,
s’échangeaient des informations ou des menaces. Rien ne paraissait étrange ou
déplacé ici, pas même la présence d’une harpie (Draco en repéra une du côté des
philtres de mort) ou d’un vampire.
Il
monta sur une des plates-formes volantes qui servaient à accéder aux rayonnages
supérieurs, qui s’étendaient jusqu’à quarante mètres de hauteur.
Il se
dirigea vers le rayon réservé aux artefacts runiques et se mit à fouiller. Il ne
chercha pas longtemps.
Personne
n’avait acheté la pierre, la plupart des clients étant des adeptes de magie
noire, et le galet n’en recelait pas une once. Elle était ronde, lisse, tenait
dans la paume de la main et était gravée de Perthro, le cornet à dés, la
représentation runique du temps et du destin.
Si il
la trouva si facilement, ce fut grâce à son collier. A l’approche de la pierre,
son pendentif se mit à briller, et une vague de chaleur se répandit en Drago.
Sans vraiment se rendre compte de ce qu’il faisait, il détacha son médaillon et
plaça la petite pierre au bout de la branche gauche de Perthro, dans un creux
qu’il n’avait pas remarqué auparavant, où elle s’encastra avec une facilité
déconcertante. Immédiatement, la sensation de chaleur disparut, laissant Draco
dépité.
Ne
réussissant pas à retirer son médaillon de la pierre, il se résolut à acheter
celle-ci, qui lui coûta quelques mornilles seulement, puisqu’elle était
apparemment arrivée ici totalement par hasard.
Il
quitta le Machiavelic Penseur précipitamment, et marcha totalement au hasard
pendant un certain temps. Il fut donc assez surpris de se retrouver en plein
milieu de Diagon Alley, juste devant la boutique de Quidditch.
D’où
sortaient, comme par un –malheureux- hasard, Potter et son pot de
colle.
«
Ron, je me fiche que l’Eclair de Feu reste ou non le meilleur balai sur le
marché, je ne compte absolument pas le changer. »
Draco
nota avec un plaisir sadique que de larges cernes soulignaient les yeux de
Potter, mais la lueur dansante de son regard était toujours là. L’espoir est
une chose fragile qui s’éteint facilement, Potter. Pensa-t-il avec un
sourire mauvais.
«
Tiens donc, Potter et son… ami. » Draco cracha le dernier mot comme une insulte.
« Que faites vous au milieu du chemin, à empêcher les gens de passer ? Ou
peut-être ce cher Potter pense que sa célébrité est telle qu’on doit lui céder
Diagon Alley. »
Weasley
bouillonnait, mais Potter l’attrapa par le bras et l’entraîna vers la librairie,
où devait vraisemblablement les attendre cette sang de
bourbe de Granger.
« On
n’a rien à se dire, Malefoy. » Fit Potter en lui passant devant.
Draco
allait lui répliquer que lui n’avait rien à lui dire peut-être, mais que ce
n’était pas forcément valable dans l’autre sens, lorsqu’il remarqua avec
stupéfaction le petit médaillon qui pendait au cou de sa Némésis
personnelle.
Une
tout petit médaillon.
La
réplique même du sien.
Affolé,
Draco chercha la pierre, et constata avec à la fois du soulagement et de la
stupéfaction, que son propre médaillon était toujours dedans.
Pourquoi
donc Potter possédait-il une réplique de son médaillon ? Et surtout, où
l’avait-il obtenu ?
Sa
curiosité était telle qu’il décida de suivre Potter et ses amis.
Bien
sûr, il se rendait compte de la futilité de son action, et surtout des risques
qu’il encourait si par malheur le Survivant ou un de ses toutous venaient à le
remarquer. Mais en ce moment, rien d’autre ne comptait que le pendentif, cet
artefact si semblable au sien… Au sien qui était désormais incrusté dans une
Rune, et qu’il doutait de pouvoir un jour l’en extraire. De plus, le fait que
son pendentif lui-même gravé de Runes se soit associé de lui-même à une autre
Rune ne présageait rien de bon. Cela laissait présager un Lokk d’invocation et
pouvait s’avérer dangereux.
Toutes
ces raisons le confortèrent dans son idée de suivre son ennemi, même s’il
sentait que ce n’était pas prudent.
Une
impression de danger diffuse l’envahit, et, par mesure de précaution, il choisit
de rester vigilant.
De
plus sa « filature », si on pouvait appeler cela ainsi, lui posait quelques
problèmes. Potter avait en effet la fâcheuse habitude de regarder sans cesse
autour de lui lorsqu’il marchait, et cela ne facilitait pas la tache à Drago,
qui passait son temps à vérifier qu’on n’apercevait pas son reflet dans une des
multiples vitrines de l’allée marchande. Plusieurs fois, Drago eut la mise sauve
grâce à Weasley, qui détournait l’attention de Potter dans les moments
critiques. Pour un peu, Drago aurait presque béni son ennemi
génétique.
Il ne
pouvait s’empêcher de grimacer chaque fois que les trois Gryffondors pénétraient
dans une boutique, n’ayant pas la possibilité de les suivre s’il voulait éviter
que sa couverture ne soit grillée.
Il
supporta les retrouvailles avec une bande de Gryffondors (stupides crétins
dégénérés), quelques Poufsouffles (Drago reconnaissait bien là le niveau de
cette misérable Maison) et même deux Serdaigles (dire que cette Maison se
flattait de son intelligence. Ils étaient tombés bien bas, frayer avec ces
idiots).
Il
était au bord de la crise de nerfs lorsque le moment qu’il avait guetté tout au
long de l’après-midi se présenta enfin. Le trio se dirigea vers le Chaudron
Baveur, et Drago se félicita d’avoir patienté jusqu’au bout.
«
Potter ! » Appela-t-il.
Le
Gryffondor se retourna, sans masquer sa surprise, ni même son
animosité.
«
Qu’est ce que tu lui veux, la fouine ? »
Ah,
l’inévitable intervention amicale de Weasley.
«
Rien qui te regarde, je pense, belette. »
Weasley
rougit fortement et fit un mouvement, comme pour se jeter sur Drago, mais Harry
l’en empêcha d’un geste, ce dont Drago fut ravi, car malgré sa nouvelle stature
(il avait enfin fait sa première poussée de croissance pendant les vacances), il
n’en restait pas moins que Weasley le dépassait de cinq bons
centimètres.
«
C’est bon. Je monterai plus tard. Pas la peine de m’attendre, j’irais me
promener après. »
Weasley
ouvrait la bouche pour émettre une protestation, mais Granger l’en empêcha en le
tirant par le bras vers le pub. Une fois ses deux acolytes disparus à
l’intérieur du Chaudron Baveur, Potter se tourna vers Drago.
«
Qu’est ce que tu me veux, Malefoy ? » Demanda-t-il d’une voix
froide.
« Te
parler. »
Potter
haussa un sourcil intrigué. Bien, cela l’intéressait.
« Tu
possèdes quelque chose qui m’intrigue. »
Les
sourcils du Gryffondor se froncèrent.
« Moi
? »
«
Non, Grindelwald ! Bien sûr toi, sinon je ne serais pas venu te faire la
causette ! »
Le
Gryffondor lui jeta un regard irrité, avant de plonger la main dans les
profondeurs de son pull, d’où il extirpa le médaillon.
« Tu
veux parler de ça, je suppose ? »
Drago
lui jeta un regard surpris puis, lentement, acquiesça. Potter eut un sourire
satisfait. Drago plongea à son tour sa main dans sa poche, et en extirpa les
deux pierres jointes. Cette fois-ci, Potter eut un sursaut.
« Où
as-tu obtenu ça ? » L’interrogea-t-il.
«
C’est plutôt à moi de te demander ça. Mais pour te répondre, ce pendentif me
vient de ma mère. »
Ce
n’était pas un mensonge, seulement une demi-vérité.
«
C’est étrange… » Murmura Potter d’un air songeur, en caressant son propre
pendentif. « Montons dans ma chambre, nous serons plus tranquilles pour parler.
» Ajouta-t-il brusquement, comme s’il venait de se réveiller.
Bon
gré mal gré, Drago fut contraint par sa curiosité de le suivre. Potter était
salué et reconnu de tous, tandis qu’on lui jetait des regards méfiants, qu’on
demandait au Survivant ce qu’il faisait avec lui. Mais le Gryffondor eut tôt
fait de s’extirper de la masse (l’habitude, sûrement) et de regagner sa chambre,
laissant à Drago le soin de se débrouiller.
«
Bon, maintenant qu’on est arrivé ici, dis-moi où tu as obtenu ce pendentif. »
Exigea Drago.
Potter
poussa un soupir et s’installa sur le lit.
« De
ma mère. »
«
Quoi ? »
« Le
pendentif. Il me vient de ma mère. »
C’était
clair et concis, mais cela provoquait de nouveaux mystères.
«
Pourquoi ma mère et la tienne possédaient des pendentifs identiques ? C’est
indigne de son sang ! » Marmonna Drago en faisant des va et vient dans la
pièce.
«
Arrête ça, tu me donnes le tournis. Et ne t’avises plus d’insulter ma mère, même
indirectement, car tu pourrais le regretter. »
La
voix de Potter était incisive, coupante, et ses yeux brûlaient de rage. La
chaleur augmenta dans la pièce, puis se rabaissa d’un coup.
«
Fais voir ton médaillon. » Réclama Drago en tendant la main.
Le
Gryffondor lui jeta un regard méfiant et, sans retirer la chaîne de son cou,
tendit le médaillon à Drago. Ce faisant, il dut se rapprocher de Drago, la
longueur de la chaîne n’étant pas extensible. Et Drago se rendit compte de son
erreur quand le regard de Potter se porta vers son médaillon.
Il
sut presque immédiatement ce que ressentait le Survivant. Cette même
incontrôlable envie qui l’avait prise lorsqu’il avait approché son pendentif de
la pierre. Et surtout, cette agréable sensation de chaleur qui se répandait à
travers son corps.
Il
voulut empêcher Potter de faire ça, mais aussitôt qu’il leva la main, la vague
de chaleur réapparut en lui pour la seconde fois de l’après-midi. Le médaillon
de Potter rejoignit la branche droite de Perthro. Alors que la douce chaleur
aurait dû s’éteindre, elle s’amplifia au contraire, et un éclair de lumière
blanche eut lieu. Puis les couleurs s’estompèrent et il ne vit plus
rien.
C’était
comme s’il rêvait. Il flottait dans une espèce de brume opaque. Brusquement, une
série de scènes apparut devant ses yeux.
Il se
vit enfant, dans le salon adjacent à la salle de réception de son père, jouant
seul aux échecs. Puis, sa mère déboulant, droite et fière, et, à peine la porte
donnant sur le couloir franchie, relâchant son port, les bruits indistincts
provenant de la réception couvrant ce qui aurait pu être un
sanglot.
Il
vit son père, palabrant avec ce cher Severus Snape, en faisant de grands gestes
des bras, son éternelle canne à la main.
Il
vit Potter se disputant avec ses amis, en troisième, quatrième et cinquième
année.
Il
vit son sourire une fois les disputes oubliés, et l’étincelle dans ses yeux,
aujourd’hui disparus.
Il
vit Dumbledore, vieux et épuisé, annonçant à l’école le retour de Voldemort, et
la mort de Cédric Diggory.
Il se
vit en première année, fier, agaçant et méprisant, en train d’insulter le
trio.
Il se
vit se moquant de Potter lors de son premier match de Quidditch, revit la peur
dans les yeux du Gryffondor quand le cognard lui cassa le bras, puis la volonté
quelques secondes avant que ses doigts ne se referment sur le vif d’or. Et il
ressentit de nouveau la haine violente qui l’avait secoué à cet instant là, il y
avait si longtemps.
Et
finalement, il se vit lui-même, blond, fier et arrogant. Puis dans la même
attitude que dans la chambre de sa mère, lorsque sa propre attitude l’avait
terrifié, vulnérable, en pleurs.
Et
brusquement, ses cinq sens furent cruellement sollicités.
Ses
yeux s’ouvrirent brutalement. Le flot de lumière fut tel que sa vue fut
brouillée de longues secondes. Ses oreilles perçurent avec une netteté
effrayante le bruit de la respiration de Potter à ses côtés.
Puis
cette hyper sensibilité s’atténua, et l’image brouillée d’un bureau s’offrit à
lui, tandis qu’une exclamation étouffée retentissait à ses côtés.
« On
est à Poudlard ? » Dit-il avec incrédulité.
«
J’en ai bien peur. Vous êtes même dans mon bureau, messieurs. »
Drago
se retourna avec rapidité. Il resta stupidement figé de surprise face à Albus
Dumbledore.
«
Puis-je savoir ce qui me vaut l’honneur de vos visites simultanées ?
»
Drago
lança un regard perplexe à Potter, qui lui articula silencieusement quelque
chose qu’il ne comprit pas.
« Mr
Potter, il me semble que votre rentrée n’a lieu que dans deux jours. » Fit
Dumbledore.
Potter
lui lança un regard agacé par-dessus ses lunettes, ce qui n’émut pas le moins du
monde le vieux sorcier, dont les yeux pétillaient.
« Mr
Malefoy, votre scolarité ici n’est-elle pas terminée depuis deux ans ?
»
Drago
manqua de sursauter. Mais où était-il tombé, par Merlin ?
« Oh,
cessez ce stupide jeu, Professeur. Vous savez aussi bien que moi que nous ne
sommes pas ceux dont vous parlez. » Grogna Potter avec
irritation.
«
C’est vrai. » Admit Dumbledore avec amusement. « Mais cela ne me dit pas qui
vous êtes, bien qu’il me semble facile d’établir des liens de parenté avec
quelques uns de mes élèves. »
«
Mais de quoi parlez vous ? » S’impatienta Drago, que cette conversation à
laquelle il ne comprenait goutte commençait à énerver.
«
Nous ne sommes pas à notre époque. » Finit par lâcher Gryffondor, sans quitter
le directeur des yeux.
«
Quoi ? »
«
Pour quelqu’un qui se targue d’être le meilleur, tu me sembles bien lent à
comprendre. » Se moqua le Survivant, en daignant enfin diriger son regard vers
lui.
«
Qu’est-ce qui te fait dire ça ? On pourrait tout aussi bien être dans une
réalité parallèle. »
Potter
secoua la tête.
«
Non. Une réalité parallèle porte bien son nom. Si nous avions été transportés
dans un Monde, nous aurions logiquement dû nous trouver dans nos propres corps,
et séparés, de toute évidence. De plus, nous conserverions nos âges respectifs.
Hors, nous sommes ensemble, à Poudlard, devant Dumbledore, qui parle d’un Potter
et d’un Malefoy qui auraient quatre années d’écart. Ce qui me laisse supposer
que nous sommes coincés à l’époque de nos parents.
»
«
Nous sommes en 1976 pour être exact. » Annonça tranquillement le
directeur.
Drago
enregistra l’information avec difficulté. Sa mère débutait sa sixième
année.
«
Vous êtes donc des égarés temporels. » Murmura Dumbledore d’un air songeur. «
Pouvez-vous me décrire la façon dont vous êtes arrivés ici ? »
Tandis
que Potter se lançait dans une explication détaillée de leur mésaventure, Drago
assimilait lentement le fait qu’il se trouvait contre toute vraisemblance à
l’époque de ses parents. Ce qui incluait donc que sa mère était encore vivante.
Ce
fut la voix de Dumbledore qui le tira de sa torpeur.
« Un
sortilège runique donc. Quelque chose de très difficile à contrer. De plus, il
s’agissait apparemment d’un Lokk. Il est très difficile de créer un Lokk. En
incluant le fait que celui-ci était gravé, je pense que vous ne pourrez pas
retourner à votre époque avant d’avoir appris et maîtriser les Runes. Ce qui va
donc nous mener à vous inscrire à Poudlard. Votre parenté étant beaucoup trop
facile à établir, nous allons devoir modifier vos apparences. Il faut aussi
trouver une raison à votre arrivée, et des noms d’emprunts. »
«
Angelus ! » Déclara aussitôt Drago. « Angelus Vial. »
« Les
Vial sont une longue lignée française, je me vois mal vous créer un lien de
famille avec eux. » Répliqua Dumbledore en fronçant les sourcils.
«
Bien sûr que si ! Il suffira de faire croire que je suis l’enfant de Morgana
Vial ! De plus, je leur suis déjà apparenté. »
« Je
m’en doute bien, vous tenez trop de votre père pour que cela ne se voit pas.
Enfin, pourquoi pas… Morgana Vial acceptera sûrement, elle a de toutes façons
toujours caché son unique enfant. »
Il se
tourna vers Potter, qui haussa les épaules en signe d’ignorance.
«
Amadeo Larm ira pour vous, Mr Potter. » Assura Dumbledore. « Bien. Vous serez
des étudiants français, arrivant de Beauxbâtons. Vous êtes ici parce que vous
venez étudier les Runes, cette matière n’étant pas présente à Beauxbâtons.
Maintenant, vos apparences. »
Dumbledore
pointa sa baguette vers Drago. Tout d’abord, il eut l’impression que rien ne se
passait, puis ses yeux et ses cheveux le brûlèrent. Ce n’était pas douloureux,
mais extrêmement désagréable en revanche. La sensation s’étendit peu à peu vers
son visage, et l’horripilante sensation de fondre le força à retenir une grimace
de dégoût. Lorsque enfin cela fut fini, Drago se précipita vers le miroir que
Dumbledore avait fait apparaître.
Le
reflet que lui renvoyait la surface de verre était le visage d’un étranger, et
en même temps, pas tout à fait. Il avait perdu son visage pointu, ainsi que son
nez en trompette. Sa ressemblance avec son père s’était atténué, pour laisser
place aux traits qu’il avait hérités de la branche française de sa famille, les
Vial. Ses yeux étaient toujours extrêmement bleus, mais ils avaient perdus leur
éclat métallique. Ses cheveux ne trahissaient plus son ascendance. Ils avaient
toujours la même longueur, mais ils étaient désormais totalement argentés, ce
qui donnait une étrange impression. Par contre, la laque appliqué dessus lui
donnait un air totalement ridicule. Il s’empressa de faire disparaître ledit
gel, et ses cheveux retombèrent souplement devant ses yeux.
« Les
cheveux argentés, hein ? Il faut croire que c’est une caractéristique de ma
"mère" que beaucoup de monde apprécie. » Ironisa-t-il.
Il
doutait que Dumbledore put comprendre la raillerie, car sa grand-tante ne
mourrait que six ans plus tard, lorsque Voldemort la tuerait pour avoir refusé
de se joindre à lui. La plaisanterie avait trait au fait que Voldemort s’était
intéressé à elle parce qu’elle avait les cheveux argentés.
« A
votre tour Mr Larm. »
Potter
se tourna vers Dumbledore, et celui-ci leva sa baguette. Les cheveux du
Gryffondor noircirent un peu plus, se disciplinèrent et poussèrent jusqu’à
atteindre ses omoplates. Ses yeux passèrent lentement du vert émeraude à un
violet améthyste, et Drago fut à peine surpris de voir Potter retirer ses
lunettes, geste qui signifiait que Dumbledore avait pris la liberté de modifier
la vue du Gryffondor. Sa peau pâlit, son visage s’allongea. En quelques minutes,
le fils de James Potter avait disparu.
La
cicatrice s’estompa, puis réapparut brusquement. Potter poussa un léger cri de
douleur en portant sa main à son front.
«
N’essayez pas de la faire disparaître. » Souffla-t-il. « Je l’ai depuis ma
naissance, elle est importante. »
Dumbledore
hocha la tête en lui jetant un regard intrigué, mais il n’insista
pas.
Il
agita une nouvelle fois sa baguette, et une curieuse sensation de chatouillis au
creux de la gorge de Drago apparut, avant de s’estomper.
«
Que… »
«
J’ai simplement modifié vos cordes vocales de façon à ce que certaines
intonations que vous auriez en commun avec vos parents ne transparaissent pas.
J’ai également modifié votre langue maternelle. Vous parlez l’anglais
couramment, mais le français devient votre première langue. Vous penserez en
français, et cela vous permettra de communiquer entre vous sans vous faire
comprendre des autres. De plus, chaque fois que vous tenterez de dire la vérité,
vous repasserez automatiquement au français. » Acheva-t-il d’une voix
sévère.
L’expression
de Potter fit comprendre à Drago que celui-ci espérait fortement changer le
passé, et sauver ses parents. Cela l’aurait presque satisfait si cette
interdiction ne s’appliquait pas autant à lui qu’au Gryffondor.
«
Bien. Je vais vous conduire à une chambre. Vous serez réparti dans deux jours,
pour la rentrée. En attendant, vous resterez là-bas. »
«
Mais… »
« Mr
Larm, je sais que vous avez déjà été reparti, cependant, les élèves ne le savent
pas, ainsi que les professeurs. Maintenant, suivez-moi. »
Dumbledore
sortit de son bureau et les emmena en direction de la Tour Est. Il finit par
s’arrêter devant un tableau où était représenté une magnifique louve entourée
d’une ribambelle de petits louveteaux.
« La
Meute. » Prononça-t-il.
La
louve lui dédia un long regard puis, avec une grimace qu’on pouvait qualifier de
sourire lupin, elle écarta son tableau, dévoilant la porte d’une chambre meublée
avec une grande élégance.
«
N’oubliez pas, ne tentez pas de changer le futur, vous pourriez en mourir. »
Déclara Dumbledore avec sérieux.
Le
tableau se referma sur lui.
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YEEEEEEEEEEEEEEEEEES ! J’AI
FINI, J’AI VAINCU, J’AI REUSSI A FINIR CE STUPIDE PREMIER CHAPITRE
D’INTRODUCTION ^_____________________^